Guerre en Ukraine : deux sites russes déjà visés après une discrète livraison de missiles américains à Kiev

Ils peuvent transpercer les lignes ennemies. Les Etats-Unis ont discrètement livré ces dernières semaines à l'Ukraine des missiles de longue portée ATACMS (Army Tactical Missile Systems). Ces missiles, qui font partie d'un paquet d'aide militaire de 300 millions de dollars, approuvé le 12 mars par le président américain Joe Biden, ne font donc partie de la nouvelle aide de 61 milliards adoptée en début de semaine par le Congrès.

Or, cette livraison en toute discrétion est un tournant politique et peut-être militaire : la décision a été prise par Joe Biden qui était jusque-là réticent, craignant un affaiblissement des stocks de l'armée américaine. Objectif : ne pas alerter Moscou de cette livraison. Cette arme était jusqu'à présent demandée avec insistance par les Ukrainiens : elle peut en effet être déterminante. Les ATACMS devraient permettre à l’armée de frapper les bases arrière russes, grâce à leur portée de 300 km. Bien qu'une première version bridée à 165 km a déjà été livrée, cette nouvelle version peut permettre aux Ukrainients d'espérer toucher le pont stratégique de Kertch qui relie la Crimée au territoire de Russie, voire le quartier général de l’armée russe, installé à Rostov-sur-le-Don.

Deux cibles déjà visées

Ce changement majeur dans la politique américaine a été provoqué par l’utilisation répétée par Moscou de missiles balistiques et le ciblage ces derniers jours d'infrastructures critiques en Ukraine. En clair : les Américains qu’il fallait rééquilibrer les forces. Les forces de Kiev les ont d'ailleurs déjà utilisés à deux reprises, a déclaré mercredi 24 avril 2024 par le département d'Etat : un aérodrome militaire en Crimée, mi-avril, et des troupes russes dans le port de Berlioz sur la mer d'Azov, mardi 23 avril.

Et le département d'État américain de préciser : la Russie ne doit pas y voir une provocation, affirme le porte-parole du Conseil de sécurité nationale. Moscou, dit-il, utilise déjà des missiles longue portée fournis par la Corée du Nord. "Les Etats-Unis sont directement impliqués dans ce conflit, ils ont emprunté un chemin visant à augmenter la portée des systèmes d'armement", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, jeudi 25 avril. Il juge pour autant que "cela ne pourra pas changer l'issue de l'opération militaire spéciale".

Reste que, sur le terrain, l'Ukraine est confrontée à une pénurie de soldats volontaires, après plus de deux ans de guerre contre l'envahisseur russe, qui ont fait des dizaines de milliers de morts. Kiev vient ainsi d'élargir la mobilisation, abaissant l'âge des Ukrainiens pouvant être appelés de 27 à 25 ans. Le pays, qui cherche à faire revenir sur son territoire ses citoyens en âge de combattre, ne délivrera par ailleurs plus de passeports à l'étranger aux hommes âgés de 18 à 60 ans, selon un texte publié par le gouvernement. La Maison Blanche a ainsi estimé "possibles" de prochaines "avancées" des troupes russes en Ukraine.