Guerre en Ukraine : la mer Noire est devenue un piège pour les navires de la marine marchande
Un cargo panaméen a été coulé par un missile russe, jeudi, au large de la côte ukrainienne, preuve que la marine marchande est, elle aussi, menacée par le conflit. Et face aux tarifs des assurances qui augmentent, les armateurs préfèrent rester à quai.
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, une dizaine de bateaux se sont retrouvés piégés dans la mer Noire, carlingue éventrée ou envoyées par le fond. Sans compter qu'entre 200 et 300 autres sont coincés en pleine zone de guerre. Les équipages démunis regardent passer les missiles au dessus de leur tête, bloqués à quai ou au mouillage à quelques encâblures des côtes. Après le naufrage d'un cargo panaméen, coulé par un tir russe, jeudi 17 mars, il ne fait plus de doute que le conflit est devenu un danger pour les "gens de mer".
Des tarifs de "zones de guerre"
Paul Tourret, qui dirige l'Institut supérieur d'économie maritime, remarque des navires coincés d'un côté par le blocus des navires russes, de l'autre par des contraintes administratives : "Ce sont les assureurs qui sont en train de dire 'cette zone est en zone de guerre, vos primes d'assurance ont maintenant des clauses de conditions de zones de guerre'".
Face à ces tarifs d'assurances devenues trop chères, les armateurs laissent les navires à quai. Ceux qui ont plus de chance parviennent à s'éloigner mais sont gentiment conduits vers les eaux russes, immobilisés à l'entrée de la mer d'Azov. Les marchandises ne circulent pas, les marins non plus.
Pénurie de main d'œuvre et de marchandise
Cette situation risque de poser problème au-delà de la mer Noire. La flotte mondiale de marine marchande emploie près de 300 000 Russes et Ukrainiens, membres d'équipages. Paul Tourret voit venir des soucis logistiques : "Le problème de ces 15% de marins mondiaux originaires de ces deux pays-là ? Les Ukrainiens sont en train de perdre leur pays puisqu'il ne peuvent y accéder ou en sortir pour aller se battre. Alors que les Russes, eux, c'est leur impossibilité de voyager. Par exemple, des compagnies européennes qui auraient des officiers ou des marins de ces deux nationalités vont devoir se poser la question : comment on fait ?"
À ce déficit de main d'œuvre s'ajoutent des pénuries de marchandises venues d'Ukraine. De quoi chambouler encore un peu plus la mécanique bien huilée du commerce maritime.
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