Guerre en Ukraine : les sanctions occidentales ont pour l'instant peu d'impact dans le quotidien des Russes
Alors que l'Union européenne doit discuter mercredi d'une nouvelle salve de sanctions à l'encontre de la Russie pour son invasion de l'Ukraine, les mesures déjà adoptées n'ont pour l'instant que peu d'impact sur le quotidien des Russes.
Embargo sur le charbon russe, interdiction des navires russes dans les ports européens et des poids lourds sur les routes de l'Union européenne... De nouvelles sanctions ont été proposées par la Commission européenne contre Moscou, mardi 5 avril, dans le cadre de la guerre en Ukraine. Les propositions de Bruxelles doivent être discutées mercredi par les représentants des Vingt-Sept avant une réunion lundi des ministres européens des Affaires étrangères.
>> 42e jour de la guerre en Ukraine : suivez notre direct
Alors que l'Union européenne se penche donc sur le cinquième volet de sanctions contre Moscou, les sanctions déjà prises ont-elles des effets sur la population russe ? Au quotidien, on ne peut pas dire que la vie des Russes soit bouleversée. Dans les premiers jours, il y a certes eu des ruées vers les distributeurs d'argent, les paquets de sucre et de serviettes hygiéniques dans les supermarchés.
En ce début avril, on ne signale plus beaucoup de pénuries et la plupart des services fonctionnent normalement. Certaines sociétés dont on a annoncé le départ sont même finalement toujours là : c'est par exemple le cas d'un certain nombre de McDonald's dont les franchisés russes ont refusé de fermer, comme la maison mère américaine le leur demandait, mais aussi des iPhone ou des chaussures Nike qu'on trouve toujours dans les magasins. À Moscou ou en province, l'ambiance pesante mise à part, il est difficile de toucher du doigt les difficultés.
La crainte de manquer de produits de qualité
Tout le monde a pourtant bien conscience de la précarité de la situation. "Je réalise que nous allons manquer de produits et de nourriture de bonne qualité, confie Ievguenyia, une mère de famille de la région de Samara, à l'est de Moscou. Il y a aussi certains articles que j'ai l'habitude d'acheter, comme mes produits de beauté, qui viennent de France, et les vêtements pour enfants."
"Notre pays n'est pas réputé pour produire des vêtements de qualité et les revendeurs ferment. Je réalise que plus ça avance, pire ça va être."
Ievguenyia, mère de famille de la région de Samaraà franceinfo
Certains magasins sont effectivement fermés, comme Ikea et H&M, qui étaient entrés dans la vie des Russes. Il y a aussi quelques difficultés avec les cartes de crédit russes, par exemple, qui ne fonctionnent plus à l'étranger, ce qui est problématique pour ceux qui ont de la famille hors du pays et les immigrés. Ces personnes connaissent aussi des problèmes avec les liaisons aériennes pour sortir du pays, qui deviennent rares et donc très chères.
De possibles conséquences sur l'emploi
Les vraies difficultés sont donc en train d'arriver et on a du mal à en mesurer l'ampleur mais ça risque d'être massif. D'après certaines études, la Russie pourrait perdre deux millions d'emplois à la fin de l'année 2022. Le chômage passerait de 4,4% à presque 8%, dans un contexte d'inflation qui se fait déjà sentir sur certains produits importés et de pénuries qui risquent d'apparaître. Avant même ce cinquième train de sanctions, la Russie est déjà le pays le plus sanctionné au monde, bien plus que l'Iran ou la Corée du Nord.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.