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Guerre en Ukraine : "Où vont tous ces millions qui sont envoyés ici ?", la difficile reconstruction de certaines villes dans un pays encore corrompu

Alors qu'une conférence internationale démarre ce mercredi à Londres, pour lever des fonds afin de reconstruire l'Ukraine, les habitants de certaines villes s'inquiétent de ne pas voir les chantiers avancer.
Article rédigé par Camille Magnard, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des maisons détruites à Irpin, en Ukraine, le 23 juin 2022. (METIN AKTAS / ANADOLU AGENCY / AFP)

L’Union européenne annonce 50 milliards d’euros d’aide pour la guerre en Ukraine, alors qu'une conférence internationale se tient ce mercredi et ce jeudi à Londres, avec pour ambition de lever des fonds pour la reconstruction du pays. Les chantiers ont déjà commencé dans les régions libérées de l’occupation russe. C'est par exemple le cas à Hostomel, au nord-ouest de Kiev. Cette ville a été très largement endomagée par les combats dans les premières semaines du conflit, et la reconstruction tant promise se fait attendre

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Derrière les palissades du chantier s’alignent des tas de gravats, hauts de plusieurs mètres. Le béton d’un côté, le bois, le métal, les graviers triés à part. Kyrylo Chernychuk travaille pour l’entreprise française Neo-Eco, chargée de reconstruire ce quartier ravagé : "Ces matériaux de construction que proviennent des immeubles qui se trouvaient ici et qui ont été détruits. Plus de 90% des matériaux récupérés pendant leur démontage seront réutilisés pour construire les nouveaux bâtiments", fait-il remarquer.

Des chantiers à l'arrêt

Cinq immeubles éventrés ont été abattus, et doivent donc être reconstruits selon cette technique de recyclage des gravats. Pas vraiment la norme jusque-là en Ukraine, comme l’explique Kyrylo Chernychuk : "On estime que le volume de gravats généré par la guerre a dépassé 1,6 milliard de tonnes. Avant les déchets, des chantiers étaient jetés dans les bois, dans les champs ou au mieux dans des décharges. Mais 1,6 milliard de tonnes, et bientôt plus, si on les jette dans les forêts, alors on aura plus de forêts ! Ce sera une catastrophe écologique."

Neo-Eco a terminé les travaux de démolition, mais le chantier depuis est à l’arrêt en raison de blocages au niveau de la bureaucratie ukrainienne. Les habitants du quartier, comme Raïssa, ont une idée assez claire sur ce qui coince : "On est tous en colère, où vont tous ces millions qui sont envoyés ici ? En plus, ce n’est pas l’Etat qui reconstruit les logements, mais ce sont les Français ou d’autres mécènes étrangers ! Qu’est-ce que nos dirigeants font de cet argent qui nous est envoyé ? Le temps qu’ils se partagent le gâteau, nous, on a déjà dû vivre un an dans le froid !", dénonce-t-elle, dans un pays toujours en proie avec la corruption.

Irpine et Butcha, vitrines de la reconstruction

La ville de Hostomel vient de voir son deuxième maire en un an limogé pour des soupçons de détournement des fonds alloués à la reconstruction. Kyrylo CHernychuk, de l’entreprise française Neo-Eco, ne se fait pas plus d’illusions que Raïssa : "La corruption en Ukraine n’a jamais disparu malheureusement, et je pense même qu’avec la guerre, elle a augmenté".

Les habitants de Hostomel eux, rappellent que c’est en grande partie grâce à la bataille qui a détruit leur quartier que Kiev a pu repousser l’avancée des Russes l’an dernier. Ils espèrent un peu de reconnaissance alors que les villes voisines d’Irpine et Butcha sont devenues des vitrines de la reconstruction ukrainienne.

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