Guerre en Ukraine : "Plus un conflit dure, plus les viols et les violences sexuelles l'accompagnent", alerte une ONG
Céline Bardet, fondatrice de "We are not weapons of war" explique que les crimes sexuels sont moins "documentés, moins poursuivis" que les autres crimes de guerre. Les auteurs peuvent donc, selon elle, ressentir une forme d'impunité.
Alors que les forces russes continuent de bombarder l'Est de l'Ukraine, le secrétaire général de l'Otan a estimé, dimanche 19 juin que la guerre en Ukraine pourrait durer "des années." Or, "plus un conflit dure, plus les viols et les violences sexuelles l'accompagnent", s'inquiète sur franceinfo Céline Bardet, fondatrice de l’ONG "We are not weapons of war" [Nous ne sommes pas des armes de guerre], qui agit contre les violences sexuelles dans les conflits. Selon elle, l'invasion russe a permis de faire la lumière sur ce type de crimes, mais "il faut être conscient que c'est un problème mondial récurrent" en temps de guerre, insiste-t-elle.
Une guerre qui dure, ce sont des années de crimes sexuels à craindre pour les Ukrainiennes ?
Céline Bardet : Précisons qu'il y a aussi des viols d'hommes et de petits garçons, il ne faut pas l'oublier, même si les femmes restent la majorité des victimes. Ensuite, la réalité c'est que plus un conflit dure, plus les viols et les violences sexuelles l'accompagnent. En Ukraine, il y a une multitude d'acteurs qui documentent et qui enquêtent, que ce soient les enquêteurs de la Cour pénale internationale, la procureure générale d'Ukraine et la société civile. Mais c'est encore beaucoup trop tôt pour avoir une estimation du nombre de victimes, pour savoir si ce sont des actes systématisés et s'il y a une forme de stratégie ou pas. C'est un travail qui va se faire dans les mois qui viennent.
Nous parlons ici de l'Ukraine mais ce qu'il faut comprendre c'est que les violences sexuelles en temps de conflit sont systématiques ?
Avec la guerre en Ukraine, on parle beaucoup des viols et des violences sexuelles, mais il faut être conscient que c'est un problème mondial récurrent.
Les violences sexuelles qui apparaissent dans les conflits sont des formes de violences comme toutes les autres mais on a tendance à considérer ça comme des crimes de seconde zone. Ils sont moins documentés, moins poursuivis.
Céline Bardet, de l'ONG "We are not weapons of war"à franceinfo
Un auteur de crime qui sait qu'il a peut-être moins de chance d'être poursuivi en violant, va peut-être être plus enclin à faire ce choix-là. Le problème est là.
Que faire pour changer cela ? Selon vous, c'est aux États d'agir ?
Il faut du courage politique. Les Nations unies, la communauté internationale, sont très engagées sur ces questions depuis plusieurs années. Il y a de l'argent mais où va cet argent ? Il faut soutenir les organisations de la société civile qui accompagnent les victimes, faire des études, avoir une vision très claire de l'ampleur du viol de guerre dans le monde. Il faut poser une ligne rouge, il faut absolument que les violences sexuelles s'arrêtent et pour cela il faut former, il faut de la pédagogie. Il faut des outils et des nouvelles approches. C'est le travail qu'on fait et il faut qu'on arrive à cela.
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