Guerre en Ukraine : quels sont les enjeux militaires et diplomatiques de la visite de Volodymyr Zelensky en France et en Allemagne ?
C'est la troisième fois depuis le début du conflit que Volodymyr Zelensky vient rencontrer Emmanuel Macron à Paris. Alors que la guerre en Ukraine va entrer dans sa troisième année, et que des combats acharnés ont lieu à Avdiivka, le président ukrainien entame une visite diplomatique à Berlin dans la matinée puis à Paris dans l'après-midi, vendredi 16 février.
Franceinfo résume les enjeux de cette visite et ce que le président ukrainien peut espérer obtenir.
Signer des accords bilatéraux de sécurité
C'est la principale raison de la venue du dirigeant ukrainien : garantir le soutien durable de ses alliés à l'Ukraine. A Berlin, vendredi matin, le chancelier Olaf Scholz et Volodymyr Zelensky ont signé un accord de sécurité en ce sens, notamment sur le plan militaire. Il porte sur "les engagements de sécurité et le soutien à long terme" de l'Ukraine, avait annoncé plus tôt la chancellerie allemande. Ce document est "une étape historique", a souligné Olaf Scholz sur X. "L'Allemagne continuera à soutenir l'Ukraine contre la guerre d'agression russe, aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il ajouté.
Un accord similaire doit être signé avec Emmanuel Macron à Paris en fin de journée. L'objectif est la mise en place d'"une nouvelle architecture de sécurité pour l'Ukraine", a écrit le président ukrainien sur Telegram.
Ces accords serviront en particulier à donner corps aux engagements pris au sommet de l'Otan à Vilnius (Lituanie) en juillet 2023, durant lequel les pays du G7 se sont engagés à apporter un soutien militaire "sur le long terme" à Kiev. Le contenu précis de l'accord entre Paris et Kiev n'est pas encore connu, mais l'Elysée a précisé jeudi qu'il couvrirait le "soutien militaire dans la durée", ainsi que "le soutien économique et en matière d'assistance civile, pour renforcer la stabilité économique et la résilience de l'Ukraine".
Le Royaume-Uni a été le premier pays à conclure un accord de ce type, le 12 janvier. Il y figure des engagements concernant "des armes antichars, des missiles, des centaines de milliers de nouveaux obus d'artillerie et la formation de milliers de soldats ukrainiens", selon le Premier ministre britannique Rishi Sunak, cité par RFI. L'Elysée estime que l'accord avec la France sera en grande partie dans la même veine, puisque tous les pays du G7 "sont dans la trame de la déclaration de Vilnius", bien qu'avec des "spécificités" nationales.
Demander une aide encore plus importante
Selon l'Elysée, Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky "auront notamment l'occasion de discuter de la situation sur le front, des besoins de l'Ukraine sur les plans militaire, économique et humanitaire". Au-delà de la concrétisation des engagements de Vilnius, le président ukrainien veut saisir l'opportunité de demander un accroissement de l'aide française et européenne.
L'armée ukrainienne dénonce régulièrement le manque de munitions et d'armement pour faire face aux Russes. "Les occupants russes continuent d'augmenter leurs efforts et dépassent en nombre" les forces ukrainiennes, a déclaré le nouveau commandant en chef des armées ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, mercredi. L'Union européenne s'est récemment entendue sur une aide supplémentaire de 50 milliards d'euros, mais certains engagements pris de longue date en matière de livraison d'armes n'ont pas été tenus.
Dans ce contexte, Kiev presse l'UE d'augmenter ses livraisons d'obus d'artillerie et de "signer des contrats à long terme avec les entreprises" du secteur de la défense ukrainiennes. Après ces deux déplacements, Volodymyr Zelensky passera la journée de samedi à la Conférence sur la sécurité de Munich (Allemagne), où il doit tenir un discours puis enchaîner plusieurs discussions bilatérales, notamment avec la vice-présidente américaine, Kamala Harris.
Réaffirmer l'unité entre Kiev et ses alliés
La venue de Volodymyr Zelensky à Paris "sera l'occasion pour les deux dirigeants de poursuivre et d'approfondir leur dialogue de confiance", selon l'Elysée. Pour Paris, l'un des objectifs est aussi de "continuer à accompagner l'Ukraine dans sa trajectoire européenne". En novembre, la Commission a recommandé d'ouvrir les négociations avec l'Ukraine et la Moldavie en vue d'une possible adhésion à l'UE.
Un soutien d'autant plus nécessaire que, de l'autre côté de l'Atlantique, la menace d'un désengagement américain plane toujours. Le paquet de nouvelles aides pour Kiev est par ailleurs toujours au point mort. Les républicains, encouragés par Donald Trump, ont annoncé mardi qu'ils refusaient d'examiner une loi pour accorder cette nouvelle enveloppe, réclamant en échange un durcissement de la politique migratoire américaine à la frontière avec le Mexique.
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