Guerre en Ukraine : qui sont les 115 000 réfugiés accueillis sur le sol français ?
Jamais, depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Europe n'avait connu un tel exode de population. Plus de 8 millions de personnes venues d'Ukraine se sont réfugiées chez leurs voisins européens après avoir fui la violence et les bombardements, selon les derniers chiffres du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) dévoilés mardi 21 février, presque un an jour pour jour après le début de l'invasion russe dans le pays.
Parmi les pays de l'Union européenne, c'est l'Allemagne qui a accueilli le plus grand nombre d'exilés avec plus de 900 000 prises en charge. En France, environ 115 000 Ukrainiens (ou plutôt des Ukrainiennes, dans l'écrasante majorité des cas) sont toujours accueillis au titre de la protection temporaire. Franceinfo fait le point sur le profil de ces réfugiés installés dans l'Hexagone.
Une grande majorité de femmes et d'enfants
Comme l'a souligné jeudi 23 février au Parisien la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, Sonia Backès, les réfugiés du conflit ukrainien en France "sont des Ukrainiennes, à 80 %". Un chiffre qui s'explique notamment par la mobilisation des hommes en Ukraine, où les 18-60 ans ont toujours interdiction de quitter le territoire. Cette population majoritairement féminine est accompagnée de nombreux enfants, dont 20 000 sont actuellement scolarisés en France, a précisé Sonia Backès.
Cette répartition entre hommes et femmes se retrouve dans d'autres pays d'accueil. En Allemagne, une enquête publiée en décembre par Bureau fédéral de l'immigration montrait ainsi que le flux de réfugiés venus d'Ukraine était, là aussi, composé à 80% de femmes. Les trois quarts d'entre elles ont fui sans leur conjoint, souligne par ailleurs l'étude (en anglais).
Grâce au statut de protection temporaire, les citoyens et citoyennes d'Ukraine accueillis en France ont eu "tout de suite accès au marché du travail et aux soins de santé remboursés", s'est félicitée sur franceinfo Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d'asile. "Ils n'ont pas connu le parcours du combattant que les réfugiés politiques et autres migrants connaissent en France", a-t-elle souligné. Parmi ces réfugiés, certains ont rejoint les rangs de la restauration et d'autres secteurs en manque de personnel.
Près de 500 millions d'euros débloqués pour les accueillir
Afin d'accueillir ces dizaines de milliers de personnes et leurs enfants, l'Etat a déboursé 490 millions d'euros en un an, comme l'a expliqué jeudi à l'AFP le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Près de la moitié de cette somme a servi à verser les allocations aux bénéficiaires de la protection temporaire. Le reste a été dépensé "au titre de l'hébergement", précise le ministre, pour ouvrir des places en centre d'accueil d'urgence, mais aussi dans des établissements touristiques réquisitionnés, comme des campings ou des hôtels.
"Jusqu’à 30 000 personnes ont été hébergées par des citoyens, c’est un phénomène tout à fait nouveau", a fait remarquer Sonia Backès au Parisien, ajoutant que plus des trois quarts des réfugiés ukrainiens avaient été accueillis dans des villes de moins de 100 000 habitants. Comme l'avait expliqué mercredi à l'AFP le ministère du Logement, l'Etat a mis en place un système d'aide financière pour certaines familles françaises accueillant des réfugiés ukrainiens. Une première en France, qui a concerné près de 900 foyers et a coûté environ 780 000 euros.
Alors que la Russie ne montre aucune intention de cesser les hostilités, les mouvements de population continuent à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Selon le HCR, le conflit a déjà fait près de 7 millions de déplacés internes. Dans le reste de l'Europe, l'exode ne s'est pas arrêté, mais les arrivées se font désormais au compte-gouttes : quelques centaines de nouveaux réfugiés en moyenne se présentent chaque mois en France depuis le début de la saison hivernale. Pourtant, le ministère de l'Intérieur ne veut pas fermer les centres d'hébergement trop vite, "dans l'hypothèse de mouvements secondaires".
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