Guerre en Ukraine : une ONG dénonce des viols de masse par les militaires russes dans les zones occupées et contre les prisonniers

L'ONG SEMA Ukraine parle d'une politique systématique et délibérée de la part du Kremlin. Des milliers de femmes seraient concernées, mais elles rencontrent des difficultés à faire reconnaître ces crimes par la justice ukrainienne.
Article rédigé par franceinfo - Paul Lorgerie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des femmes manifestent contre les viols commis pendant la guerre en Ukraine, le 21 avril 2022 à Berlin, en Allemagne. (CARSTEN KOALL / DPA via MaxPPP)

Ce sont des crimes sous-estimés mais qui existent pourtant bel et bien. En Ukraine, les militaires russes s'adonnent à des viols de masse dans les zones occupées ainsi qu'à l'encontre des prisonniers civils et militaires. C'est le constat dressé jeudi 13 juin par l'ONG SEMA Ukraine, qui porte assistance aux victimes depuis le début du conflit en 2014 et qui dénonce aujourd'hui une politique systématique et délibérée de la part du Kremlin.

Le 24 février 2022, lorsque les premières détonations se font entendre autour de Kiev, Daria, 33 ans, se réfugie chez ses parents. Quelques jours plus tard, l'armée russe s'empare de son village. "Plusieurs soldats russes ont forcé la porte de notre maison et ont commencé à mettre en joue ma famille et moi, raconte-t-elle. Et tout en menaçant de nous tuer, ils m'ont demandé de les suivre." Daria est emmenée dans une maison abandonnée. Durant deux jours, elle subit des viols répétés. D'autres femmes sont violentées sous les yeux de leurs proches.

Accès limité à la justice

Dans son rapport de mars 2024, la commission d'enquête indépendante des Nations unies rapporte de nombreux crimes de violences sexuels et de viols, qu'il s'agisse de femmes, de mineurs, ou encore d'hommes. Ces crimes sont difficiles à quantifier, alors que les ONG parlent de milliers de victimes.

Mais ces dernières ont un accès limité à la justice. Le code pénal ukrainien, datant de l'ère soviétique, ne reconnaît pas le viol comme un crime à part entière, explique Florence Hartmann, spécialiste des crimes de guerre. "Les enquêteurs ukrainiens rassemblent les témoignages, mais sont-ils à même de juger devant leurs propres instances ?, s'interroge-t-elle. C'est la question qui se pose, car le crime en lui-même ne sera pas traité comme tel." Une situation qui a poussé Daria a porté plainte devant une juridiction étrangère, qu'elle préfère pour le moment taire. 

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