Human Rights Watch accuse la Russie d'avoir exécuté des dizaines de soldats ukrainiens qui se rendaient

Ces exécutions seraient constitutives de crimes de guerre sur lesquels la Russie a obligation d'enquêter.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une année et demie : c'est le retard accumulé par les Ukrainiens aux dires des spécialistes. (UKRAINIAN PRESIDENCY / HANDOUT / ANADOLU via AFP)

Un rapport de l'ONG Human Rights Watch publié jeudi 2 mai révèle que la Russie a exécuté "au moins 15 soldats ukrainiens qui tentaient de se rendre, et peut-être six autres qui se rendaient ou s’étaient déjà rendus"L'ONG a pu notamment géolocaliser, dater et identifier les protagonistes grâce à des vues filmées par les drones ukrainiens ou russes, montrant les meurtres de soldats désarmés, s'étant rendus, ou en train de se rendre.

Les événements auxquels se réfère le rapport de Human Right Watch se sont déroulés entre décembre et février dernier dans trois "points chauds" de la ligne de front. D'abord autour d'Avdiivka près de Donetsk. En décembre, des images montrent l'exécution de deux soldats ukrainiens sortant d'une tranchée les bras en l'air. Fin février, ce sont les cadavres de six autres soldats ukrainiens qui sont clairement visibles : il s'agit des blessés que les Ukrainiens n'avaient pas pu évacuer durant leur retraite.

Autre zone : le front sud, particulièrement autour de la ville de Robotyne. Deux séries de vidéos de drones montrent des hommes se rendant aux Russes, parfois manifestement blessés, et froidement exécutés en quelques secondes.

Dernière zone enfin : celle de Bakhmut, ville prise par les Russes en mai dernier et à partir d'où ils ont relancé des attaques en février. Là aussi, deux événements distincts. D'abord l'exécution de soldats ukrainiens désarmés. La seconde vidéo est la plus glaçante : on y entend distinctement un commandant russe intimer l'ordre à ses hommes de ne faire aucun prisonnier. Toutes ces exécutions ou ordres d'exécution seraient constitutifs d'autant de crimes de guerre caractérisés.

Des crimes de guerre au regard du droit international

"Le droit international humanitaire, ou le droit de la guerre, exige que les parties à un conflit armé international traitent les soldats devenus 'hors de combat' et les prisonniers de guerre avec humanité en toutes circonstances", rappelle HRW.

"Le fait de tuer, maltraiter ou torturer volontairement ces forces est un crime de guerre. L’ordre de tuer des prisonniers de guerre ou d’exécuter des soldats qui se rendent plutôt que de les capturer – soit un ordre 'de ne pas faire de quartier' – est strictement interdit par le droit international humanitaire."

HRW

dans son rapport du 2 mai

"De tels ordres violent non seulement le droit international humanitaire, que la Russie est obligée de respecter, mais aussi le code militaire russe ; le fait de donner un tel ordre ou de l’exécuter constitue un crime de guerre", poursuit l'ONG.

Human Rights Watch réaffirme par ailleurs que "au-delà de ses obligations en vertu du droit international humanitaire, la Russie est aussi un État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui interdit strictement les exécutions extrajudiciaires". Aussi, "en vertu du droit international humanitaire, la Russie a en outre l’obligation d’enquêter sur les crimes de guerre présumés commis par ses forces, ou par d’autres individus sur les territoires qu’elle contrôle, et d’engager des poursuites appropriées", insiste l'ONG.

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