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Journaliste américain arrêté en Russie : "Cela ressemble à une mesure de représailles de la Russie envers les États-Unis", dénonce RSF

Selon Jeanne Cavelier, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters Sans Frontières (RSF), "ce cas pourrait effectivement être le premier d'une série, ce qui est extrêmement inquiétant".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Une photo du journaliste américain Evan Gershkovich le 24 juillet 2021. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

"C'est effectivement du jamais-vu depuis la guerre froide", alerte jeudi 30 mars Jeanne Cavelier, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters Sans Frontières (RSF), après l'arrestation d'Evan Gershkovich. Ce journaliste du Wall Street Journal - correspondant à Moscou - a été arrêté en Russie. Il est accusé d’espionnage au profit des États-Unis. Des accusations que le Wall Street Journal dément. "RSF, comme le Wall Street Journal et beaucoup d'autres médias, s'alarment de cette arrestation, ajoute Jeanne Cavelier, qui ressemble à une mesure de représailles de la Russie envers les États-Unis".

franceinfo : Le Wall Street journal a-t-il raison de s'inquiéter pour la sécurité de son journaliste aujourd'hui ?

Jeanne Cavelier : Oui, d'autant que les poursuites sont extrêmement lourdes. Pour ces charges d'espionnage, le journaliste risque jusqu'à 20 ans de prison. C'est effectivement du jamais-vu depuis la guerre froide. RSF, comme le Wall Street Journal et beaucoup d'autres médias, s'alarment de cette arrestation qui ressemble à une mesure de représailles de la Russie envers les États-Unis.

Le problème vient-il de la nouvelle législation russe qui permet de mettre en prison à peu près n'importe qui qui s'intéresse de près ou de loin à l'armée ?

Tout à fait. L'étendue des secrets d'État est beaucoup plus importante qu'avant la guerre. C'est donc facile d'accuser un journaliste d'espionnage pour l'empêcher de mener des enquêtes légitimes.

Est-ce que ça vous inquiète pour d'autres journalistes étrangers, notamment français ?

Ce cas pourrait effectivement être le premier d'une série, ce qui est extrêmement inquiétant. Depuis l'invasion russe en Ukraine, de nombreuses rédactions ont décidé de suspendre leurs opérations et de partir parce que c'était trop risqué et trop dangereux pour leurs journalistes. Là, on est face à un risque accru avec cette démonstration du Kremlin envers ce journaliste. On peut s'attendre à de nouveaux départs et à moins d'informations fiables sur la Russie dans les mois et les années à venir.

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