: Reportage "Les Russes ne sont plus nos frères" : en Ukraine les bombes brisent aussi l'amitié entre les peuples ukrainiens et russes
Dans le fracas des bombes, qui dévastent l'Ukraine, ce sont aussi les liens, les relations entre les peuples voisins russe et ukrainien qui sont détruits. Avec la montée d'un sentiment national ukrainien, le sentiment anti-russe grandit.
Dans l'annexe de l'université de Lviv, à l'ouest de l'Ukraine, les volontaires s'affairent, emballent des médicaments et des compresses pour les soldats au front. La foi est grande dans l'armée ukrainienne et la colère immense contre l'ennemi russe, alors que les troupes russes vont désormais se concentrer sur la "libération" de l'est de l'Ukraine.
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Lev est médecin. Cet habitant de Lviv a un visage jovial et énergique mais qui se ferme dès que vous prononcez le mot "russe". "Les Russes ne sont plus nos frères, lâche Lev. Malheureusement. Nous n'oublierons pas ce qu'ils font. Les populations civiles souffrent, les enfants souffrent, ils bombardent les enfants, ils bombardent les médecins, ils bombardent les corridors humanitaires..."
"Cette guerre n'est pas celle d'un seul homme. Elle est soutenue par le peuple russe."
Lev, habitant de Lvivà franceinfo
Yevhen, un jeune étudiant qui l'aide à faire des paquets, tient à renchérir. "Le peuple russe ne comprend même pas notre situation, assure-t-il. Et il n'essaie même pas de la comprendre." "Nous n'avons pas les mêmes valeurs, tranche Lev. Nous nous battons à main nues contre des chars pour notre liberté et ils ne vont même pas manifester pour défendre la leur."
"Fürher Poutine"
Une analyse que ne démentirait pas l'historien Vasyl Kmet, directeur de la bibliothèque universitaire de Lviv. Il tient à rectifier l'erreur des Occidentaux. Ne vous avisez pas de distinguer Poutine de son peuple. Et de déplorer : même les intellectuels l'approuvent. "Plus de 700 professeurs et directeurs d'université en Russie ont signé une lettre ouverte en soutien de la politique de 'Führer Poutine' en Ukraine, explique Vasyl Kmet. Ils ont dit que les arguments de leur président étaient adéquats, et qu'ils étaient d'accord avec sa politique. Ce sont les élites russes, les professeurs d'université qui approuvent la mort de milliers d'Ukrainiens, des enfants, des femmes, des vieux." Et quand vous demandez à Lev si une réconciliation est envisageable, la réponse fuse : "Il faudra au minimum plusieurs générations."
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