"On verra qui est pour Zelensky et qui est pour Poutine" : pourquoi Emmanuel Macron veut contraindre les partis à se positionner sur la guerre en Ukraine
"Je pense que ça clarifiera" les positions, glissait le chef de l'Etat à quelques journalistes mardi 5 mars, en marge d'un déplacement à Prague. Emmanuel Macron veut contraindre les partis à se positionner sur la guerre en Ukraine. Le chef de l'État reçoit dans la matinée du jeudi 7 mars toutes les formations politiques, de la France insoumise (LFI) au Rassemblement national (RN).
Il avait déjà reçu les chefs de parti dans ce même format "Saint-Denis" en octobre dernier, après les attaques du Hamas contre des civils en Israël. Cette rencontre se tient quelques jours avant un débat avec vote à l'Assemblée et au Sénat, au sujet de l'accord de sécurité signé avec Volodymyr Zelensky mi-février à l'Élysée. Une façon assumée pour Emmanuel Macron de mener campagne contre le RN.
Contraindre le RN à se positionner
Emmanuel Macron veut en effet forcer le parti d'extrême droite à "sortir du bois". Première étape : jouer la transparence. Lors de cette réunion, le président va livrer des informations privilégiées aux chefs de partis sur la situation en Ukraine. Russie agressive, situation difficile... La preuve, selon un proche du chef de l'État, que "cet accord avec Volodymyr Zelensky est fondamental pour que l'Ukraine tienne". Le message est limpide et binaire : ceux qui s'y opposent veulent la victoire de la Russie.
C'est là qu'interviendra la deuxième étape : le débat au Parlement, la semaine prochaine. Là, impossible de louvoyer : les partis devront dire si oui ou non ils soutiennent cet accord de sécurité. "On verra qui est pour l'Ukraine et qui est pour Poutine", tranche un dirigeant de la majorité. Si l'objectif est clairement de mettre en difficulté le RN, attention, avertit malgré tout un député, de ne pas donner l'impression d'instrumentaliser la guerre en Ukraine... pour faire campagne en France. Et cela n'a pas échappé à Éric Ciotti... qui compte bien en profiter. Le président des Républicains craint que cette réunion et ces débats ne soient liés directement à la campagne du groupe Renaissance pour les élections européennes.
"On voit bien le petit scénario qu'est en train d'installer le président de la République dans un duel contre le Rassemblement national. Ce duel n'est pas étranger à sa sortie, et c'est d'autant plus grave."
Éric Ciotti, président de LRà franceinfo
Les partis de l'opposition dubitatifs
Les autres partis invités, eux, ont du mal à voir l'intérêt de cette réunion. Le président du RN, Jordan Bardella, viendra bien, mais avec de faibles espoirs. "Ça fait beaucoup de communication quand même, mais Emmanuel Macron est champion, il en fait du lundi au dimanche, tacle le porte-parole du parti, Philippe Ballard. Les conventions ou réunions qu'il organise, généralement, ça ne débouche pas sur grand-chose..."
De l'autre côté de l'échiquier politique, chez LFI, Manuel Bompard sera lui aussi bien présent, avec l'objectif d'éclaircir la question de l'envoi possible de troupes en Ukraine. Même si, selon lui, l'invitation arrive un peu tard : "S'il s'agit vraiment d'avoir une concertation avec les oppositions, c'est que d'abord on discute, et qu'ensuite il prenne la parole, précise le coordinateur du parti. Pas qu'il prenne la parole, et qu'ensuite il vienne nous expliquer ce qu'il a voulu dire ou ce qu'il n'a pas voulu dire. Je trouve que cela aurait été plus respectueux d'un fonctionnement démocratique normal", fait-il remarquer.
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