: Reportage "Avant d'arriver ici, je n'avais jamais vu ça" : en Ukraine, les soignants découvrent la médecine de guerre
La ville de Zaporijia, dans le sud-est de l'Ukraine, est un centre important pour soigner les victimes de la guerre : elle abrite plusieurs hôpitaux, dont un militaire.
Depuis le déclenchement de l'invasion russe, le 24 février, et le début des bombardements sur les villes ukrainiennes, les soignants doivent s'adapter à des blessures et des interventions auxquelles ils n'étaient pas forcément préparés.
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Dans une chambre décatie de l'hôpital militaire, deux hommes sont allongés. L'un est un soldat, les jambes bandées tachées de sang, l’autre est pompier, touché au bassin par une salve d’artillerie alors qu’il secourait des militaires blessés. "D’abord, je veux guérir et quitter l’hôpital, dit-il. Et après, je veux continuer à aider les soldats." Sergueï s’en sort relativement bien par rapport aux 400 blessés passés ici en trois semaines.
Membres amputés, lambeaux de chair... Les médecins montrent en photos les ravages corporels des bombes. "Il y a surtout des blessures aux jambes. Et aussi au ventre, au thorax, détaille Alishar Favat, chirurgien. Beaucoup d’artères sont touchées, ce qui complique les soins. Avant d’arriver ici, jamais je n’avais vu ça. La plupart des soignants découvrent ces blessures aussi graves."
"Envoyez-nous de quoi sauver nos soldats !"
Depuis le lancement de l’offensive russe, ce jeune médecin civil passe 24h sur 24h, 7 jours sur 7 à l’hôpital. Et il affirme que "certaines blessures sont causées par des armes interdites par le droit international. Alors on retire les fragments de bombes des corps et on les photographie, pour avoir des preuves."
Une fois stabilisés, les blessés quittent vite ce centre de médecine de guerre. Il faut faire de la place. Vendredi matin, 17 victimes de bombardements ont été admises. Viktor Pysanko, le directeur de l’hôpital, souhaite lancer un appel : "Personne ne va venir se battre pour nous. Mais envoyez-nous des médicaments, de quoi de sauver nos soldats !" Ce que voudrait surtout ce médecin militaire, c’est que l’Otan ferme le ciel ukrainien, et ne laisse plus les avions russes bombarder ses concitoyens.
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