: Reportage "C'est la guerre du futur qui commence" : en Ukraine, la guerre des drones redonne un peu d'espoir aux soldats en première ligne
Des tranchées, des obus, des missiles. Et des drones... La nuit est noire sur le front du Donbass, à l'est de l'Ukraine. L’air tremble au rythme des tirs d'artillerie. Deux soldats ukrainiens se trouvent dans une casemate à demi enterrée. Dehors, un troisième homme fait décoller un petit drone équipé de capteurs à vision nocturne. A l’intérieur, ils suivent sur un boîtier muni d'un écran les blindés ennemis. "Tirs de mortiers", dit le talkie-walkie. La mission du drone qui se faufile entre les arbres : trouver ces mortiers.
Le petit engin décolle sous les yeux des soldats. "Vous voyez, on a déjà l’image du champ de bataille. Les commandants peuvent suivre la situation et prendre des décisions très vite, et ça a un effet sur la suite de la bataille", explique l'un des combattants. "Et c’est en temps réel. Ça va très vite. Avant, il n'y avait pas ça", ajoute un autre soldat.
Aux Ukrainiens les drones Bayrakhtar, venus de Turquie. Aux Russes, les Shahed fabriqués en Iran. Depuis un an, l’État ukrainien encourage la production locale. Comme dans cet atelier, au lieu tenu secret, où des hommes assemblent des drones d’une trentaine de centimètres pour le compte de l'armée ukrainienne. Les charges peuvent être transportées sur une dizaine de kilomètres avant d’être lâchés. "Le principal, c’est d’être rationnel. Ce sont des drones kamikazes. Ce doit être bon marché, efficace et qu’on en produise beaucoup", avance l'un des fabricants de drone.
Impossible d'envisager une victoire sans drones
A quelques centaines d’euros pièce, pas grave d’en perdre lorsque la cible est un char à plusieurs millions. De plus en plus d’Ukrainiens se forment à cette technologie avec l’espoir, s’ils sont mobilisés, de ne pas être envoyés en première ligne. "Tout le monde comprend que, sans cette technologie, on ne pourra pas gagner. Elle permet d’épargner la vie de nombreux soldats. Au lieu d’envoyer tout un groupe d’éclaireurs, on peut envoyer un drone. La perte de l’un de ces oiseaux, ce n’est rien à côté de la vie d’un homme", martèle Alexander qui dirige Dronarium, un centre d'apprentissage de pilotage près de Kiev.
Cela, personne ne le sait mieux que ces hommes que l’on retrouve sur le front, près de Bakhmout. Deux par deux, ils avancent dans leur tranchée. Un drone de reconnaissance changerait tout, reconnaît leur chef, Artur : "On utilise les drones pour tirer ou tuer, faire du renseignement ou évacuer. Il ne reste plus grand-chose de la guerre à l'ancienne. Peu à peu, c'est la guerre du futur qui commence", conclut-il. Une terrifiante guerre du futur, dont l'Ukraine est le laboratoire.
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