: Reportage En Lituanie, la crise entre l'Ukraine et la Russie ravive les tensions à la frontière européenne : "Tout est possible et ça fait peur"
La frontière européenne est sous tension en Lituanie depuis que la Russie est accusée de préparer une offensive en Ukraine. Reportage à la frontière avec la Bielorussie, pays allié de Moscou, où l’armée russe a entamé mercredi des manœuvres.
Au bout d’une route enneigée de Lituanie, bordée de conifères, il y a la Biélorussie. “D’ici, nous sommes à environ dix kilomètres”, explique Stasé. Elle habite Rudnia, un des derniers villages avant la frontière. Elle a grandi en URSS, puis fait sa vie en Lituanie après l’indépendance du pays, il y a plus de trente ans : “Je parle parfaitement le russe mais davantage le lituanien, quand même.“ Aujourd’hui, elle craint à nouveau pour sa liberté et sa sécurité. “Tout est possible et ça fait peur parce qu’ils sont armés jusqu’aux dents et nous ne sommes pas aussi bien équipés", raconte Stasé.
Les Pays baltes sont en première ligne face à la menace russe et ils se préparent. Mercredi 25 janvier, des avions de combats américains ont atterri sur une base aérienne en Estonie et jeudi, quatre chasseurs F-16 sont mis à la disposition de l’Otan en Lituanie en cas d’agression. La Lituanie partage environ 700 km de frontière avec la Biélorussie où l’armée russe a entamé mercredi des manœuvres. De son côté, Stasé s'inquiète : "Si un jour, ils envoient leur bombe et qu’on ne se réveille pas... Je ne fais confiance ni aux Russes ni aux Biélorusses. Je les soupçonne de vouloir à nouveau récupérer les Pays baltes."
"J’ai toujours voulu que la Lituanie soit un État libre et indépendant entouré de pays amis. Vous savez, l’histoire et la politique, c’est toujours un sac de nœuds.”
Stasé, habitante de Rudniaà franceinfo
La menace la plus proche est à seulement 50 kilomètres au sud de la frontière, avec la base militaire biélorusse de Grodno. Il y a un peu plus d’une semaine, le Parlement lituanien a autorisé le maintien d’un milliers de soldats aux côtés des gardes-frontières, dirigés par le général Rustamas Liubajevas : "C’est une sorte de chantage, explique l'officier. La situation économique difficile en Russie oblige le Kremlin à faire ce qu’il peut pour montrer à ses citoyens que c’est de la faute de l’Otan. Une méthode qui est utilisée souvent par de nombreux régimes. C’est très difficile d’expliquer à la population pourquoi elle subit des problèmes sociaux et économiques. Nous avons de sérieux doutes sur la solidité des fondations qui permettent à Poutine de rester au pouvoir depuis si longtemps."
Vladimir Poutine et la Russie exigent notamment la fin des opérations de l’Otan dans les pays de l’Est. En réponse, la Lituanie a sollicité les Etats-Unis, pour une présence militaire permanente.
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