: Reportage En Ukraine, des femmes victimes de conjoints devenus violents au retour de la guerre : "Je pleure beaucoup et ça le met en colère, alors il m'agresse"
C’est l’une des conséquences de la guerre en Ukraine, la hausse des violences domestiques. La police ukrainienne a enregistré 349 355 cas sur les cinq premiers mois de 2023, contre 231 244 à la même période en 2022. Des violences domestiques qui sont souvent des violences conjugales. Pour accueillir et soutenir les femmes victimes, le centre Vilna, a ouvert à Odessa il y a quelques mois. Inna est venue demander de l'aide, une réfugiée à Odessa. Cette femme de 42 ans a quitté sa ville de Melitopol, occupée par les Russes, il y a quelques mois, avec son mari. "Cet hiver, ce sera nos 20 ans de mariage".
Pendant toutes ces années, il n’y a eu aucune violence, ni physiques ni psychologiques. Elles ont commencé à l’arrivée du couple dans leur nouvelle maison. "Je me sentais très mal quand j'ai quitté ma ville natale et ma maison. Je n'ai pas réussi à m'adapter. Je pleure beaucoup et ça le met en colère contre moi, alors il m'agresse", raconte Inna.
Mais depuis qu'elle vient ici, au centre Vilna, Inna est suivie par une psychologue et participe aussi à des ateliers en groupe. Aujourd'hui, c'est un cours de peinture. "Pour moi, Vilna, c'est devenu un îlot de sécurité où je peux venir. J'ai peur de vivre seule, sans ce centre", sanglote la quadragénaire.
Accompagner le retour des soldats
D’autres femmes se confient à Tatiana, travailleuse sociale dans le centre. Elles lui parlent de ce mari parti faire la guerre et qui revient transformé, parfois méconnaissable. "Ces femmes nous disent que les hommes qui étaient au front reviennent avec un grand niveau de stress. Cela crée des situations conflictuelles. Ils peuvent se mettre à boire trop, et à la fin, cela génère encore plus de disputes."
Pour Katerina Grishkova, la responsable de la structure, il faudrait anticiper le retour de ces hommes au domicile familial.
"Ce sont des hommes qui reviennent traumatisés pour certains, car ils n'étaient pas préparés à cela."
Katerina Grishkovaà franceinfo
"Notre gouvernement n'a rien prévu en termes de soutien psychologique pour les aider à leur retour. En plus, on sait que les hommes sont plus sceptiques sur le sujet." Des soldats souvent considérés comme des héros à leur retour, autant par leur entourage que par la société, ce qui n’aide pas forcément les victimes à dénoncer les violences subies.
Au début de l’année, les équipes de Vilna accueillaient 300 femmes par mois en moyenne, elles sont 5 00 désormais et chaque jour, une nouvelle victime pousse la porte du centre pour y trouver refuge.
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