: Reportage Guerre en Ukraine : à l'est de Kiev, l'armée russe progresse et les victimes civiles affluent à l'hôpital
Les soldats de Vladimir Poutine gagnent du terrain à l’ouest et au nord de la capitale ukrainienne. Ils ont aussi beaucoup avancé ces derniers jours à l’est, en direction de Brovary. L'hôpital local doit s'adapter à la médecine de guerre. Reportage.
Trois lits serrés les uns contre les autres dans une petite chambre d’hôpital, trois lits pour une seule famille... Un couple, deux enfants et une grand-mère sont pris en charge à l'hôpital de Brovary, une ville de près de 100 000 habitants, dans la banlieue est de Kiev. Ils sont là depuis deux jours. Tous les cinq ont été victimes de tirs russes jeudi 10 mars, dans un village au nord de Brovary, une zone où les hommes de Vladimir Poutine ont beaucoup progressé ces dernières heures. Ils ne sont plus qu'à quelques kilomètres.
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Nina, la mère de famille raconte : "Nous conduisions depuis notre village sur la route principale, et des hommes ont tiré sur notre voiture depuis les bois. Nous étions avec mon mari, ma mère et nos deux enfants. On a continué à avancer et notre voiture a commencé à s'embraser."
"Ma fille était blessée à l'épaule, mon mari à la tête et à la main. Il a perdu deux doigts. Ma fille a été opérée. Ils ont sorti une balle de son épaule."
Nina, une mère de famille hospitaliséeà franceinfo
La fille de Nina, Katya, 14 ans, est couchée sur le dos, son épaule nue bandée. Elle ne comprend toujours pas pourquoi sa famille a été prise pour cible : "Je pense que c'était complètement intentionnel parce que si ça n'avait pas été le cas, ils auraient tiré en l'air. Mais là, ils ont tiré tout de suite sur nous".
Des soldats russes en errance
Dans ce secteur, des roquettes se sont abattues mercredi 9 mars sur une colonne de chars de l'armée russe. Depuis, des soldats russes rescapés errent dans la région. Ce sont sans doute les auteurs des tirs, désormais traqués par les Ukrainiens. "Je suis sûr que l'armée ukrainienne finira par gagner, affirme Katya. Beaucoup de Russes ont déjà été tués ou arrêtés".
L’hôpital de Brovary accueille chaque jour de nombreux blessés de guerre. Le chef des urgences, Sergeï Lavrentiev, n’a pas pu se reposer depuis deux semaines : "Nous ne sommes pas encore débordés, mais désormais, 90% de notre activité consiste à soigner des blessures liées à la guerre. Je sais que les Russes ne passeront pas. Je suis sûr de cela, car notre résistance, notre unité n'ont jamais été aussi exemplaire."
"Tout notre pays est rassemblé pour le même combat. Et quand on a ainsi une cause à défendre, on ne peut pas être défait. En fait, on a déjà gagné la guerre".
Sergeï Lavrentiev, chef des urgencesà franceinfo
L’armée russe n’est pourtant qu’à une vingtaine de kilomètres de Brovary. Mais Sergeï, comme la plupart des habitants de cette grande banlieue de Kiev, s’accroche aux nombreuses informations, pas toujours vérifiables, faisant état de la désorganisation des troupes de Vladimir Poutine.
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