Reportage Guerre en Ukraine : "Comment ne pas avoir peur ?" à Kiev, les habitants paniqués après les derniers bombardements russes

L'Ukraine accuse la Russie de bombarder "délibérément" des zones "résidentielles", après les frappes de ce mardi sur des immeubles d'habitation de Kiev et Karkhiv.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un immeuble touché par des bombardements russes à Kiev le 2 janvier 2024. (DANYLO ANTONIUK / ANADOLU)

Les habitants de Kiev sont meurtris après les attaques russes du mardi 2 janvier au matin. Moscou a lancé de nouvelles frappes massives, notamment sur Kiev et Kharkiv, au cours desquelles au moins cinq civils ont été tués et au moins 100 personnes blessées. L'Ukraine accuse la Russie de bombarder "délibérément" des zones "résidentielles". Franceinfo s'est rendu à Kiev, dans l'une de ces zones où la population est paniquée.

On ne voit d'abord que l'épais nuage de vapeur blanche que dégagent les canalisations d'eau chaude crevées qui dévalent les rues glacées de Kiev. Puis il y a l'odeur, le gaz, la fumée. Une petite armée de secouristes déblaie les débris devant l'immense barre d'immeubles éventrée. Au 7 rue Koudriachova, la façade a presque complètement disparu.

"Je n'ai nulle part où aller"

Depuis la rue, on voit le cinquième étage de l'immeuble comme si c'était une scène de théâtre. Un vieux canapé marron, une télévision et une plante verte en équilibre : c'est ce qui reste de l'appartement d'Olga, une vieille dame au regard paniqué. "J'ai très peur, confie-t-elle. Comment ne pas avoir peur ? Tout est cassé, on ne peut pas rentrer… Que ces Russes crèvent !" La vieille dame laisse échapper une insulte puis reprend : "Imaginez-vous l'état dans lequel on est. Ma voisine est tout en sang, son enfant est avec elle. Je n'ai nulle part où aller… Où va-t-on ?" "Chez moi", répond son amie, venue la soutenir.

Tous ici ont le regard sidéré, filment l'immeuble comme s'ils n'y croyaient pas. Toute blonde, Nastya écarquille les yeux. "Nous avons une bonne nouvelle aujourd'hui : nous sommes en vie", relativise-t-elle. Victor, lui aussi, filme la scène. L'immeuble dans lequel il habite est intact, pile à l'angle de la rue, juste à côté de la maison au toit écrasé par un débris de roquette qu'il a entendu tomber ce matin, presque au-dessus de sa tête.

"J'éprouve de la colère pure"

"On s'est abrité près de la cage d'ascenseur, raconte Victor. La maison tremblait, ça faisait peur… Il s'est passé la même chose il y a quatre jours : des missiles tout proches, abattus en plein vol. Ce n'est donc pas la première fois. J'éprouve de la colère pure. Je suis trop jeune pour me battre, je n'ai pas encore 18 ans, mais je déteste ces gens, je n'arrive pas à comprendre pourquoi ils font ça." Victor pourtant se dit chanceux. Ce soir, il dormira chez lui, ou plutôt sur le pallier, près de la cage d'ascenseur dans l'attente quasi résignée d'une nouvelle nuit de terreur.

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