: Reportage Guerre en Ukraine : dans un village en "zone grise", "tous les jours, on lutte pour survivre"
"On n’a pas d’électricité, pas d’Internet, pas de réseau de téléphone, pas de télé. On s’est habitués !", explique Lubov qui, malgré les circonstances, n’arrête jamais de sourire. Elle porte sa robe d’été multicolore et un joli chapeau dans lequel est encore fiché un éclat d’obus. Lubov habite dans le village de Vremivka, dans l'oblast de Donetsk.
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Pendant plus d'un an, il est resté en zone grise, ni en territoire ukrainien, ni en territoire russe, mais entre les deux, sous le feu croisé des deux armées. De rares civils sont restés à Vremivka. La zone a été reprise par les forces de Kiev en juin dernier, mais les conditions de vie y restent extrêmement précaires.
Trois maisons encore debout
Sur les 11 fenêtres de la maison de Lubov et de son époux, seules trois sont restées intactes. Toutes les autres sont recouvertes d’un assemblage de bâches en plastique. Les obus continuent de tomber, mais un peu plus loin, plus dans la cour. Le toit est lui aussi rafistolé. "Ce sont des éclats. Après chaque frappe, on réparait le toit. Ici, on avait des arbres, mais avec l’explosion dans la cour, ils ont disparu", décrit Viktor, 71 ans.
Viktor et Lubov ne manquent pas d’argent, mais ils n’ont jamais voulu partir. Pourtant, au plus fort de la guerre, les bombardements étaient incessants, d'après Viktor : "C'était Armageddon". Ils ne savent pas très bien si ces bombardements étaient russes ou ukrainiens, mais l'important, même dans ce coin d'Ukraine où certains se sentent proches de la Russie, c'était de prendre soin de tous les habitants du village. "Je faisais des allers-retours sur mon vélo et je ramenais des provisions pour tout le monde, que ça bombarde ou pas", assure Lubov.
"Les gens qui sont restés sont devenus plus soudés, estime Viktor. Ils s’entraident plus, ils sont plus humains. Ceux qui sont partis… Ils ne vont pas nous comprendre. Parce que nous, tous les jours, on lutte pour survivre". Il y a quelques mois, le couple a dû enterrer la mère de Lubov, 92 ans, sur la bande de terre devant la maison. "On l’a enterrée ici, parce qu’au cimetière, on nous a dit que ce n'était pas possible, qu’il était miné. En plus, c’est en hauteur, ça peut être bombardé", ajoute-t-il. Le couple n’a qu’un souhait : fêter ses noces d'or, dans trois ans, et mourir ensemble, de vieillesse disent les époux, pas de la guerre.
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