Cet article date de plus d'un an.

Reportage Guerre en Ukraine : "L’opérateur de drone est une cible plus importante qu'un sniper", témoigne un pilote ukrainien dans le Donbass

La guerre en Ukraine est aussi devenue celle des drones. Des engins d'attaque mais aussi de surveillance. Nous avons suivi l'équipe Orion, de la défense territoriale ukrainienne, en première ligne sur le front est.
Article rédigé par Mathilde Dehimi, Arthur Gerbault - Yashar Fazylov
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un soldat ukrainien dirige un drone sur une position russe, à Donetsk, le 16 avril 2023. (SERGEY SHESTAK / AFP)

Quand il ne s’entraine pas, Nazar, 40 ans, et ses hommes se trouvent tout devant. "Nous avec nos gars on est vraiment sur la ligne de front", lance fièrement ce membre de l'équipe "Orion", des pilotes de drones du 244e bataillon de la Défense territoriale ukrainienne. Alors que les bombardements se poursuivent à Odessa et dans les territoires occupés, ici dans le Donbass, à l'Est de l'Ukraine, les positions n'ont quasiment pas bougé. L'armée russe a tenté d’avancer un peu ces derniers jours à Kremina au nord de Sloviansk.

>>> Guerre en Ukraine : "la peur des missiles" ou une vie "sans mari", le choix cornélien de femmes réfugiées en France

Certains pilotes de drones préfèrent se protéger dans un abri, Nazar, lui, reste dehors : "On est plus à l'aise pour sentir le vent, tu comprends ce qui se passe. Là, s’il y a un tir, j’y envoie le drone. Et je cherche le char avec la caméra." Le juriste qui n’avait jamais touché un drone avant de s’engager est devenu un spécialiste du renseignement. À l’arrière du front, le poste de commandement suit sur écran tout ce qu’il filme. "On peut corriger avec une précision de 50 cm et l'artillerie doit toucher là où on a indiqué les coordonnées précises", explique Nazar.

Ils sont quatre dans l’équipe. Tour à tour, l’un pilote, les autres surveillent ses arrières. Ils n’utilisent que de petits drones civils. "Frérot ! Moi Je l'ai trouvé !", crie Nazar à ses coéquipiers. Dans sa main, un boîtier en plastique avec des pinces. "On le clipse comme ça. Ici il a une photo cellule, ça semble fragile hein ?", lâche le pilote. 

"Parfois le logiciel bugge"

Des bidouilleurs militaires ont fabriqué en 3D un support pour larguer des grenades VOG à fragmentation, raconte Nazar : "On peut avec elle attaquer un blindé ou viser la tourelle d’un char si elle est ouverte". "On le fait voler ? Pas trop pas trop loin il y a du vent", indique le pilote. Pour cacher leur position, un logiciel brouille leur géolocalisation précise. "Parfois le logiciel bugge et dans ce cas-là pour détruire le pilote, les Russes utilisent tous sortes d’armes pour nous éliminer, précise Nazar. L’opérateur de drone est actuellement une cible plus importante qu'un sniper".

Un poste indispensable mais le pilote ukrainien se veut philosophe : "A vrai dire, les gars, cette guerre n'est pas nouvelle. Tout simplement on y a rajouté des gadgets. Et donc ce qui a changé c'est l'ampleur des dommages". Nazar en fait surtout une affaire personnelle, il veut battre l’équipe de pilote de drone russe qui se trouvent juste de l’autre côté de la forêt.

En Ukraine avec les opérateurs de drones : reportage de Mathilde Dehimi, Arthur Gerbault et Yashar Fazylov

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.