: Reportage Guerre en Ukraine : pourquoi la capitale autrichienne est-elle considérée comme "une oasis pour l’espionnage russe" ?
Capitale d’un pays neutre, en plein cœur de l’Europe, Vienne a depuis longtemps gagné le titre de nid d’espions. Mais au temps de la guerre en Ukraine, ce rôle fait désordre car l’espionnage russe y serait très actif en ce moment. 180 diplomates russes seraient aujourd’hui accrédités à Vienne, dont au moins un tiers travailleraient pour les services secrets russes. Il y aurait, en plus, des espions illégaux, c’est-à-dire des agents sous couverture non officielle.
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Selon Thomas Riegler, spécialiste des services secrets, c'est le renseignement d’origine électromagnétique qui serait particulièrement intense à Vienne : "De grandes antennes paraboliques sont installées sur les toits des représentations russes et, à l'aide de ces antennes, sont interceptées les communications militaires qui passent par les satellites. Si l’on compare à d'autres villes européennes où des installations similaires ont été mises en place, Vienne apparaît tout simplement comme la station la plus importante."
"En outre, dans plusieurs autres villes européennes, ces stations ont été rendues inutiles par l'expulsion ciblée du personnel technique, Vienne, elle, remplit toujours cette fonction importante."
Thomas Riegler, spécialiste des services secretsà franceinfo
Une législation autrichienne trop laxiste ?
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les pays européens ont expulsé de leur sol plus de 400 espions russes sous couverture diplomatique. L’Autriche, à ce jour, n’en a expulsé que quatre. Autre problème pointé par les experts : la législation autrichienne. L’espionnage est de facto légal en Autriche tant qu’il n’est pas dirigé contre le pays lui-même et n’est donc pas punissable lorsqu’il se fait au détriment d’un Etat étranger ou d’une organisation internationale.
Il est urgent de changer cela, juge Stephanie Krisper, députée du parti d’opposition Neos : "Notre parti a déjà déposé une proposition au Parlement avant l’été, demandant que l’espionnage au détriment d'autres pays et d'organisations internationales devienne punissable. Le but est que nous puissions au moins enquêter sur ces cas. Qu’on le veuille ou qu’on y arrive est une autre question. Mais le gouvernement nous a répondu qu’un groupe de travail étudiait encore le sujet."
"Pourtant le temps passe, la guerre en Ukraine continue et l’Autriche reste une oasis pour l’espionnage, y compris l’espionnage russe, nous devons donc agir immédiatement."
Stephanie Krisper, députée du parti d’opposition Neosà franceinfo
Et comme plusieurs experts, Stephanie Krisper regrette qu’il n’y ait pas de véritable débat sur cette question stratégique, ni dans la sphère politique, ni dans la société autrichienne.
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