: Reportage "Ma sœur m'a écrit que nous serons bientôt réunies" : l'avancée ukrainienne donne de l'espoir aux familles russo-ukrainiennes séparées par la guerre
Dans les villages ukrainiens, à quelques kilomètres de la frontière russe près de Koursk, parler de ses proches qui habitent en Russie est tabou. La guerre a séparé des familles russo-ukrainiennes qui vivaient de part et d'autre de la frontière. Aujourd'hui, certains comptent sur l'avancée ukrainienne pour retrouver leurs proches coincés en Russie alors que l'Ukraine contrôle actuellement 1 250 km² de territoire russe. Depuis le début de cette opération surprise le 6 août, l'armée ukrainienne poursuit son avancée dans la région russe de Koursk et le 20 août, Kiev affirme avoir grappillé près de 30 km² supplémentaires.
"Presque chaque famille ici, près de la frontière, a des cousins et des frères, des oncles et des tantes qui vivent en Russie, mais les gens ne veulent pas l’avouer", reconnaît Natalia, qui vit dans l'un de ces villages ukrainiens. Malgré tout, elle, se fiche du qu'en-dira-t-on et veut parler de sa sœur Léna et de son beau-frère, qui ont une maison de l’autre côté de la frontière, côté russe.
"On allait constamment chez eux à l’époque. On pouvait passer par les champs, il n’y avait pas vraiment de frontière, pas de barbelés. On pouvait passer à vélo ou à pied. Et quand la guerre a débuté, je ne pouvais plus y aller", indique Natalia. Depuis deux ans et demi, ici, les champs de barbelés ont remplacé les champs de colza.
"Avec ma sœur, on ne s’est plus vues depuis le début de la guerre. On ne se parle qu’au téléphone".
Natalia, qui vit côté ukrainienà franceinfo
Quand la guerre a débuté, Natalia aurait pu fuir cette région frontalière, mais elle a décidé de rester pour sa sœur, et malgré le danger. Cette Ukrainienne poursuit son récit, imperturbable, alors qu'un drone kamikaze russe s’écrase à 700 mètres de là : "Ma sœur m’a écrit que nous serons bientôt réunies".
Toutes les deux espèrent que les Ukrainiens parviennent jusqu’à Koursk, en Russie, où habite désormais Léna. "Je veux que les militaires prennent la ville de Koursk et que ma sœur devienne citoyenne ukrainienne pour qu’on soit enfin réunies. À ce moment-là, je l’enlacerai et je pleurerai beaucoup", confie Natalia. En attendant de revoir sa sœur, elle se console en visionnant les vidéos que lui envoie, depuis la Russie, sa petite-nièce Nadiya. Un prénom qui signifie "espoir" en ukrainien.
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