: Reportage Malgré la guerre en Ukraine, des femmes rentrent à Kiev pour retrouver leurs proches ou les enterrer
Malgré les derniers bombardements sur leur pays et les conditions de vie très dures sur place, des centaines de familles ukrainiennes décident de revenir. Reportage dans un train de nuit entre le sud de la Pologne et Kiev.
C'est un train plein de femmes, avec quelques enfants. Pas un seul homme à bord. Même les contrôleurs sont tous des contrôleuses. Elles distribuent le thé dans les compartiments. Sur sa couchette, Natalya rit tout le temps. Elle est cycliste professionnelle et revient de dix semaines de vélo au Portugal. Et, sur la banquette d'en dessous, une autre Natalya rentre d'un congrès médical en Italie. C'est presque la routine, à quelques détails près comme ce plastique sur les vitres du train pour protéger les passagers en cas d'explosion.
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Malgré les derniers bombardements sur Kiev, malgré les coupures d'eau, des centaines de familles ukrainiennes décident de revenir au pays et empruntent chaque jour les chemins de fer, notamment entre le sud de la Pologne et Kiev. Même l'hiver glacial qui les attend n'effraie pas les passagères. "Si nous n'avons pas d'électricité, les Ukrainiens feront plus de bébés !, se réjouit l'une d'elle avec une grand sourire. Nous serons bientôt plus nombreux !"
"Il était mon héros"
La frontière est maintenant passée. Fini la Pologne, ici l'Ukraine et la guerre rattrape déjà le compartiment. Aliona, la voisine des deux Natalya, est devenue cuisinière à Cracovie. Si elle rentre au pays, c'est pour enterrer son petit frère, mort au combat près de Kherson il y a deux jours. Il s'appelait Ivan, il venait d'avoir 30 ans. "Le matin de sa mort, je l'ai eu au téléphone. Trois heures après, il a été tué par une mine, souffle la jeune femme. Il m'a dit que l'Ukraine ne gagnerait pas cette guerre." Natalya, la cycliste, s'étonne. Ce n'est pas le discours majoritaire ici. "Mais nous n'avons pas assez d'armes, pas assez de moyens face à la Russie", reconnaît-elle.
De son sac, Aliona sort une photo encadrée d'Ivan : "J'ai le coeur brisé. Il était mon frère, mon ami. Il était mon héros." Sa voisine d'une nuit, sur la banquette, la réconforte et corrige : "Non, il était notre héros à tous."
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