Reportage "On ne peut pas jeter les gens dehors !" : en Hongrie, la volonté de Viktor Orban d'expulser des réfugiés ukrainiens provoque l'indignation des ONG et de l'opposition

Le Premier ministre hongrois a pris un décret qui fait perdre leur droit au logement aux Ukrainiens présents dans son pays qui viennent d'une région où il n'y a pas de combats.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, en Grande-Bretagne le 18 juillet 2024 pour la réunion de la Communauté politique européenne. (NEIL HALL / MAXPPP)

Alors que des missiles russes se sont abattus sur toute l'Ukraine lundi 26 août, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, le plus russophile des dirigeants européens, incite des réfugiés ukrainiens à rentrer chez eux. Sur les 46 000 réfugiés enregistrés en Hongrie, la majorité travaille et peut louer un appartement. Mais quelques milliers de personnes vulnérables, dont des femmes seules avec enfants, étaient logées gratuitement par l'État. Or ces réfugiés perdent leur droit au logement s'ils viennent d'une région d'Ukraine où il n'y a pas de combats, selon un décret signé par Viktor Orban et entré en vigueur le 21 août dernier. D'après le gouvernement, la moitié du territoire ukrainien n'est pas touchée par la guerre, les évictions ont déjà commencé et ce sont les plus démunis qui se retrouvent sans toit.

Sonia Lakatos s'est réfugiée en Hongrie quand, au début de la guerre, l'armée ukrainienne est venue chercher son mari. Aujourd'hui la jeune femme, qui est d'origine rom, n'a plus droit au logement social, elle vient d'une région d'Ukraine considérée comme sûre par le gouvernement Orban. Mais Sonia ne peut pas rentrer chez elle, son appartement a été vandalisé. "Ils ont tout pris, les meubles, les portes et les fenêtres, pour les vendre, explique-t-elle. Là-bas, chez moi, les gens meurent de faim."

Les réfugiés en province plus mal lotis que ceux à Budapest

Au moins 4 000 réfugiés perdent leur droit au logement. Sonia a été expulsée de son centre d'hébergement, en province. Avec une dizaine d'autres familles, elle a été relogée provisoirement grâce au comité Helsinki. Andras Lederer travaille pour cette ONG, il est indigné par ce qui se passe : "Comment peut-on expulser des gens si vulnérables ! Qui, en plus, ont un statut de réfugié, accordé par le gouvernement hongrois !"

Les réfugiés ukrainiens qui sont à Budapest ont plus de chance. Ils seront relogés par la ville, qui est dirigée par l'opposition. "Ce n'est pas un problème d'argent, c'est une question humanitaire, souligne Judit Szentirmai, adjointe au maire. On ne peut pas jeter les gens dehors !" Mais en province, plusieurs familles se sont retrouvées à la rue, sans personne pour les aider. Ces réfugiés ont pris le train pour rentrer en Ukraine.

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