: Reportage "On reconstruira en mieux !" : dans Trostianets reprise aux Russes, le soulagement des Ukrainiens après un mois d'occupation
Dans cette ville du nord-est de l’Ukraine abandonnée par l’armée russe il y a cinq jours et ravagée par les combats, les habitants respirent à nouveau.
Les pieds dans la boue noire, sur la place qui fait face à la gare de Trostianets, dans la région de Soumy, au nord-est de l’Ukraine, Serguei lance un regard encore incrédule sur ce qui est devenu un champ de bataille en plein centre-ville.
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Depuis quelques jours, les Ukrainiens sont parvenus à reprendre quelques villes. Elles ne sont pas nombreuses. Et les Russes sont soupçonnés d’avoir reculé pour mieux préparer la suite. Mais dans ces villes, les habitants respirent à nouveau, malgré les importants dégâts provoqués par la contre-offensive. Le premier jour de l’invasion, Serguei a vu entrer les Russes la fleur au fusil.
"Sur leur visage, on avait l'impression qu'ils avaient déjà gagné. Ils ne pointaient pas leurs armes vers nous, il n'y avait pas de tension. En deux jours, ils ont changé d'attitude et mis le doigt sur la gâchette."
Sergueià franceinfo
La plupart des soldats russes sont très jeunes, note Serguei, 18 ou 19 ans. Les Russes se sont ensuite déployés sur plusieurs kilomètres. Victor les a aussi observés depuis le village voisin. Ils ont assez rapidement puisé dans les ressources locales. "Ils ont volé des boîtes de conserves qu'ils ont jetées sur le bord de la route, se souvient Victor. C'étaient des séparatistes et des Russes. Ils allaient dans les maisons, ils fouillaient et prenaient les ordinateurs et la vodka."
Un mois complet d'occupation
Dans ce bourg, qui fabrique en temps normal du chocolat et des biscuits, les habitants ont vécu un mois complet d’occupation. Avec une très forte pression, explique Oxana. "Ils sont entré dans notre maison pour vérifier nos papiers, explique-t-elle. Ils demandaient avec qui on vivait, si on avait des armes, si on avait des enfants, s'ils étaient partis ou pas, et pourquoi on ne quittait pas la ville." Un peu plus loin, sous la pluie, devant le porche de son immeuble en briques, Tatiana a de son côté vécu cette occupation comme une captivité : elle n’est quasiment pas sortie de sa maison, terrorisée par les soldats russes et par le fracas de l’artillerie.
La contre-offensive des Ukrainiens, menée par l’artillerie de la 93e brigade motorisée, positionnée à l’ouest, a ravagé le quartier de la gare ferroviaire. C’était le prix à payer pour la liberté, estime le gouverneur régional de l’oblast de Soumy, Dmytro Zhyvytsky. "Les destructions de bâtiments, ce n'est pas un prix très élevé à payer, souligne celui-ci. On reconstruira en mieux ! Le prix le plus lourd qu'on paye en Ukraine, c'est celui de la vie des civils." La ligne de front est maintenant à 80 kilomètres plus au nord, à tout juste 30 kilomètres de Soumy, la capitale de la région.
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