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Reportage "Pas un jour sans quelque chose à réparer" : les Ukrainiens et leurs T64 à bout de course attendent les chars occidentaux

Les soldats de Kiev attendent l'arrivée des chars occidentaux et se battent au quotidien avec des engins de conception soviétique souvent défectueux.
Article rédigé par Thibault Lefèvre, Eric Audra
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un soldat ukrainien de la 1re brigade séparée de Siversk à bord d'un T64 de fabrication soviétique, sur le front de Vuhledar (Donbass). (THIBAULT LEFEVRE / RADIO FRANCE)

Après avoir été chauffé pendant cinq bonnes minutes, le char peut démarrer. Cet engin, c'est un des trois T64 soviétiques de l'unité d'Igor, caché derrière une butte à quatre ou cinq kilomètres des positions russes, dans l'est de l'Ukraine. "Ce sont des engins des années 70. Ils tombent souvent en rade", regrette Igor, qui estime qu'il "n'aurait pas assez de quatre heures pour faire la liste de toutes les pannes possibles".

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Alors que neuf pays, dont la Pologne, l'Allemagne ou encore les Etats-Unis, se sont engagés à livrer rapidement des chars à l'Ukraine, l'attente est forte dans le Donbass. Depuis plusieurs mois, l'Ukraine est sur la défensive et ses troupes résistent avec du matériel souvent obsolète.

Sur le front de Vuhledar où se trouve la plus grande brigade de tanks de l’armée ukrainienne, la 1re brigade séparée de Siversk, Igor fait ce constat : il travaille depuis quatre ans avec le char T64 et "il n'y a pas un seul jour où il n'y a pas eu quelque chose à réparer". Il cite un exemple qui l'a marqué, c'était le 24 février : "Le jour de l'invasion, lorsque l'on a roulé vers la frontière biélorusse pour arrêter l'ennemi. Nous sommes arrivés et mon char est tombé en panne. Il y avait des fuites partout. Il a fonctionné pendant 40 kilomètres et il a cassé."

"Comparer un T64 et un char occidental, c'est comme comparer une Lada et une Mercedes"

Igor, soldat ukrainien

à franceinfo

L'atelier de réparation des chars est installé sous des arbres, au bout d'un chemin boueux. Les mécaniciens désossent en permanence les épaves pour consolider les machines encore utilisables.  Les livraisons occidentales sont très attendues dans les rangs ukrainiens. Pour les chars Abrams américains, il faudra encore attendre, alors que les premières formations de soldats se terminent en Allemagne et en Espagne. Une centaine d'hommes de la brigade sont actuellement en formation en Allemagne. L'officier de presse de la brigade, Orest Firmaniuk estime qu' "il faut garder un parc de chars cohérent pour pouvoir rester efficaces sur le champ de bataille".

Orest Firmaniuk, l'officier de presse de la brigade séparée de Siversk estime qu'avec l'arrivée de nouveaux chars, il faudra garder une cohérence dans la répartition des engins. (THIBAULT LEFEVRE / RADIO FRANCE)


"Avec plusieurs fournisseurs, nous serions obligés pour chaque type d'engin d'organiser une gestion spécifique des pièces détachées, avec des stocks, des munitions et du personnel formés pour les réparer et les utiliser"
développe Orest Firmaniuk qui note la spécificité de chaque type de chars, "les Abrams sont différents des Leopard et si dans une brigade, il y a trop de variété, ça peut être tellement compliqué que l'on pourrait perdre en efficacité". Orest Firmaniuk espère les premières livraisons de chars avant l'été, 150 chars Leopard 2 sont attendus. 

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