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Reportage Guerre en Ukraine : après la destruction du barrage de Kakhovka, "personne ne veut abandonner sa maison", malgré le danger

La destruction du barrage de Kakhovka dans le sud de l'Ukraine, laisse craindre une catastrophe humanitaire et écologique. Mais pour l’heure, les candidats à l’évacuation sont peu nombreux.
Article rédigé par Camille Magnard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un habitant de la région inondée de Kherson tente de sauver ce qu'il peut de sa maison, le 7 juin 2023. (OLEXANDER KORNYAKOV / AFP)

Sous une tente militaire, devant la gare de Mykolaïv, Vladimir Slivinski et son équipe des services de premiers secours ukrainiens attendent l'arrivée du train en provenance des territoires inondés. Mardi 6 juin, après la destruction du barrage de Kakhovka, le premier convoi a attendu longtemps en gare de Kherson pour embarquer un maximum de monde. Mais ils n'étaient au final que 46. "C'est la mentalité ukrainienne. Personne ne veut abandonner sa maison, explique Vladimir. Tout le monde essaye de sauver ses animaux, d'aider ses proches. Ceux qui partent vraiment sont ceux qui ont déjà tout perdu et qui n'ont plus d'autre choix."

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Une quarantaine de plus sont arrivés par leurs propres moyens ou bien en bus. Ce n'est pas encore l'exode que l'on craignait ici quand le barrage de Kakhovka a été détruit, dans la nuit de lundi à mardi, mais ce n'est que le début, explique Vladimir. "Je pense que d'autres gens vont partir plus tard quand ils verront ce qu'il reste de leur maison, s'il y a encore quelque chose à sauver ou bien plus rien."

À la gare de Mykolaïv, le 7 juin 2023 à l'aube, seules neuf personnes en provenance des zones inondées sont descendues du train, relate notre envoyé spécial. (CAMILLE MAGNARD / RADIO FRANCE)

La destruction partielle du barrage de Kakhovka a libéré des millions de mètres cubes d'eau et l’eau va continuer de monter "d’un mètre au cours des 20 prochaines heures", selon le chef de l’administration militaire de la région de Kherson. "Plus de 17 000" civils, devraient être évacués, selon les autorités. Pour l'heure, moins de 3 000 personnes l'ont été. 

Inquiétudes pour les rives occupées par les Russes

Ce qui inquiète les gens, ici, c'est surtout le sort des personnes inondées sur la rive gauche du Dnipro, celle qui est occupée par les Russes. Les berges, là-bas, sont plus basses et plus peuplées. On craint donc qu'il y ait bien plus de dégâts et de sinistrés que ce que veulent bien en dire les autorités d'occupation. Et Vladimir et ses collègues savent bien qu'ils ne peuvent rien faire pour venir en aide à ceux-là. Le chef du gouvernement d'occupation, fait état de 14 localités et de "plus de 22 000 personnes" menacées par la montée des eaux.

La zone potentiellement inondable après la destruction du barrage de Kakhovka. (HELOÏSE KROB / FRANCEINFO)

Selon l'Ukraine, 42 000 personnes sont directement menacées par des inondations et des
centaines de milliers d'habitants n'auront plus d'accès à l'eau potable. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky dit craindre des "dégâts environnementaux massifs". Plus de 150 tonnes d'huile de moteur ont été répandues dans le fleuve et des milliers d'hectares de terres arables vont être inondés, selon Kiev, qui a fait état de nombreux "poissons morts" dans la zone. Les conséquences de cette catastrophe pourraient se faire sentir sur des dizaines d'années dans le sud de l'Ukraine. Le barrage alimentait en eau de nombreuses terres dédiées à l'agriculture dans l'un des plus grands pays exportateurs de céréales au monde. 


À la gare de Mykolaïv avec les équipes de premiers secours qui attendent les inondés de Kherson - Reportage de Camille Magnard

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