: Témoignage Guerre en Ukraine : "On va pouvoir faire venir de l'humanitaire et du militaire à Kherson", raconte un Français engagé aux côtés des Ukrainiens
Il s’appelle Max et son alias est "Azadi" pour "liberté" en kurde. Un nom de guerre qui date de son engagement au Moyen-Orient contre l’organisation État islamique en 2015. Sept ans après, en mars 2022, il quitte la France où il rompt son contrôle judiciaire, alors que la justice lui reproche d’avoir recruté des combattants français et étrangers en Irak. Sur le front sud en Ukraine, le long du fleuve Dniepr, il est depuis plus d’un an avec un bataillon de reconnaissance séparé.
Ce qui attire l’œil, immédiatement, quand on voit ce soldat enthousiaste, d’une trentaine d’années, ce sont ses mains, abîmées, avec des cloques à vif sur le dessus. "On était en mission et ils nous ont bombardé avec des munitions incendiaires et au phosphore blanc, raconte Max. Ça vous tombe sur la peau et ça réagit avec l'eau. Il ne faut surtout pas mettre de l'eau dessus parce que cela aggrave les choses. Il faut couper la peau."
Il y a deux semaines, Max était encore au combat, au pied d’un pont, sur la rive gauche du Dniepr, du côté russe donc, pour une opération de reconnaissance compliquée : "Ça fait à peu près un mois et demi qu'on a les pieds sur la rive gauche. Les Russes reculent. Tout a été nettoyé depuis le sud de Kherson pour remonter jusqu'au nord, pour vraiment nettoyer le delta. On pourra faire venir de l'humanitaire et du militaire à Kherson. On va pouvoir avancer de quasiment 200 km. Certaines opérations qui nécessitaient d'être en retrait. C'est un bond immense pour nous."
Une reconquête lente et laborieuse
Ce "bond immense" se prépare aussi à l’arrière. Max a effectué une trentaine de missions cet hiver. Le reste du temps, il vit à Kherson. La ville a été reconquise le 11 novembre 2022, elle est depuis quelques semaines, la base arrière des opérations dans la région. "On voit quelques convois avec des véhicules qui sont complètement bâchés, chose que l'on n'avait jamais vu auparavant", explique Max.
"On voit aussi des nouveaux soldats en ville. Ils sont tout frais sortis du moule, alors qu'avant, quand on arrivait à Kherson, il n'y a quasiment aucun militaire dans la ville, c'était que la police."
Max, Français engagé aux côtés des Ukrainiensà franceinfo
La contre-offensive se prépare, mais il faut s’attendre, selon Max, à une reconquête lente et laborieuse face à un adversaire coriace. Rien à voir donc avec les avancées ukrainiennes de l’été puis de l’automne 2022 : "En ce moment, ils sont en mode défensif. Ils ont le temps de tout faire professionnellement. On voit la différence entre les tranchées ukrainiennes des tranchées russes, ce sont deux mondes opposés."
"Les Russes sont très bien organisés pour fabriquer des tranchées. Les Ukrainiens vont juste faire un trou. Les Russes, eux, vont faire un trou avec un décalage sur le côté et encore plus en profondeur. Donc, du coup, même si une bombe tombe, les fragments ne vont pas rentrer à l'intérieur. Ça va être clairement chaud."
Max, Français engagé aux côtés des Ukrainiensà franceinfo
Pour le moment, les conditions météorologiques ne sont pas réunies. "C'est dur de combattre dans la boue, c'est fatigant et cela abîme le matériel, souligne le soldat. Je pense qu'il faut attendre encore un bon mois." Le temps que les sols soient secs.
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