: Témoignage "Il me demande à chaque fois si j'ai tué quelqu'un" : ce soldat ukrainien, "héros" malgré lui, raconte la guerre à son fils
Quand il n'est pas au front avec son régiment d’infanterie à Bakhmout, Nazar s'entraîne. Dans un vaste champ, à bonne distance des positions russes, il apprend à piloter un drone. La journée est calme. Le danger est loin. C'est le bon moment pour rappeler Olga et Mirone, son fils de huit ans, restés à Kiev. "Allô ? Mon petit lapin ? Salut, salut! Vous avez besoin de quelque chose ?", interroge Nazar. "De toi", répond simplement Olga.
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Nazar a été mobilisé au début du conflit. On lui demande comment on explique à son fils qu'on est à la guerre. "J'essaie de lui faire passer l'idée que tout va bien, qu'il ne se passe rien de mal, même s'il sait très bien où je suis, ce que je fais, répond Nazar. Bien sûr, il me demande à chaque fois si j'ai vu des Russes, si j'ai tué quelqu'un. J'essaie de lui répondre avec humour, même s'il n'y a rien de drôle. Il y a des choses qu'un enfant ne doit pas entendre. On vit une période compliquée".
"Je ne les appelle jamais quand je suis de mauvaise humeur. On vit beaucoup de moments terribles et ils ne doivent pas voir ça."
Nazar, soldat dans l’infanterieà franceinfo
Plus de 700 kilomètres à l'Ouest, dans le quartier populaire de Troyechina, au cœur de la capitale ukrainienne, Olga et Mirone, huit ans, habitent au troisième étage d'un grand immeuble. Dans la chambre du petit garçon, un portrait d'Harry Potter, un kimono, et, bien rangés dans un tiroir de son bureau d'écolier, des dessins à l'effigie de Nazar. "Là, c'est mon papa. C'est sa veste de camouflage et sa barbe", détaille-t-il fièrement. À droite, il y a écrit "Mon papa, ce héros". Quand on lui demande pourquoi, l’enfant répond : "C'est un héros parce qu'il défend son pays, qu'il risque sa vie, pour nous et pour toute l'Ukraine".
"Mon papa, il ne peut pas mourir parce qu'il est très fort et qu'il a un gros casque."
Mirone, fils de Nazarà franceinfo
Mirone est courageux, il ne parle presque jamais de la mort, dit la maman, Olga. Il refuse en revanche qu'elle touche à la serviette de bain laissée par Nazar, "comme s'il n'était jamais parti".
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