Ukraine : Azovstal est "le seul objectif atteignable" d'ici au 9 mai pour Vladimir Poutine, estime un chercheur en théorie des conflits armés
L'aciérie d'Azovstal dont les Russes tentent de s'emparer est "presque comme un château fort avec des tunnels, énormément de possibilités de se cacher. C'est le lieu idéal pour faire de la guérilla et de la résistance", explique Édouard Jolly.
La bataille contre l'aciérie d’Azovstal, dernière poche de résistance de Marioupol, se poursuit en Ukraine. Azovstal est "le seul objectif atteignable" d'ici au 9 mai pour Vladimir Poutine, explique mercredi 4 mai sur franceinfo Édouard Jolly, chercheur en théorie des conflits armés et philosophie de la guerre à l’Institut de recherche stratégique de l'École militaire.
franceinfo : Cette bataille est-elle un moyen pour Vladimir Poutine de pouvoir revendiquer une victoire ?
Édouard Jolly : La situation du conflit avec la date du 9 mai comme impératif laisse penser que le seul objectif atteignable dans un tel délai serait la sécurisation totale de Marioupol avec la prise de l'usine qui résiste depuis des semaines.
Le 9 mai, les Russes célèbrent la victoire contre le nazisme en 1945. Est-ce que Vladimir Poutine veut absolument montrer quelque chose ce jour-là ?
La date du 9 mai est un symbole, c'est quelque chose qui a presque un caractère sacré. Le contexte fait que l'armée russe aura peut-être des difficultés à faire défiler de nombreuses troupes comme c'est l'usage. On peut supposer qu'il y aura moins de troupes et qu'il sera nécessaire de présenter une victoire minimale de façon à célébrer comme il se doit ce jour.
La bataille dans l'aciérie d'Azovstal risque d'être très violente compte tenu de la configuration du lieu. Est-ce qu'il va y avoir de lourdes pertes du côté russe ?
On peut s'y attendre parce qu'il faut imaginer que c'est presque comme un château fort avec des tunnels, énormément de possibilités de se cacher. C'est le lieu idéal pour faire de la guérilla et de la résistance. C'est ce qui explique depuis des semaines la capacité avec peu d'hommes de résister à la fois à l'attrition tout autour et aux bombardements.
Les dons de matériels de plus en plus sophistiqués aux Ukrainiens par les Occidentaux peuvent-ils changer quelque chose ? Est-ce qu'il faut permettre à l'Ukraine de gagner du temps ?
De manière classique, lorsque vous êtes en position défensive, comme l'Ukraine, la durée vous est favorable. À partir du moment où vous pouvez empêcher votre ennemi de tenir ses objectifs, vous n'avez pas nécessairement besoin de le vaincre militairement comme lui doit le faire. À partir du moment où vous ralentissez fortement l'armée russe en lui causant énormément de pertes, vous l'épuisez et c'est un signe que l'Ukraine pourrait l'emporter à terme.
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