Ukraine : le week-end où Poutine a "déclaré la guerre" à Kiev
Le nouveau gouvernement ukrainien demande au président russe de "retirer ses forces armées" du pays et les Occidentaux menacent de sanctions.
La crise ukrainienne a pris un dangereux virage. En demandant au Conseil de la Fédération russe l'autorisation de "recourir aux forces armées" en Ukraine, Vladimir Poutine a provoqué l'inquiétude du nouveau gouvernement de Kiev et des Occidentaux. Dimanche 2 mars, le pays se trouvait "au bord du désastre", à la suite de la "déclaration de guerre" de la Russie, selon les mots du Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk.
Si vous n'avez pas suivi les derniers développements, voici ce qu'il faut retenir de ce week-end sous très haute tension.
L'Ukraine perd peu à peu la Crimée
Dans cette péninsule ukrainienne à majorité russophone, comme dans l'est du pays, responsables politiques et manifestants ont appelé Moscou à l'aide contre le nouveau gouvernement de Kiev. Et très vite, la Russie a pris peu à peu la main sur la Crimée, où est basée sa flotte de la mer Noire. Plusieurs unités de l'armée ukrainienne ont été encerclées et ont reçu l'ordre de déposer les armes et de rallier les autorités pro-russes de la région autonome. Ce qu'a fini par faire, dimanche, le commandant en chef de la marine, affaiblissant un peu plus le pouvoir de Kiev.
Poutine se montre belliqueux
"En raison de la situation extraordinaire en Ukraine et de la menace pesant sur la vie des citoyens russes, de nos compatriotes, des forces armées russes sont déployées en Ukraine." Vladimir Poutine a demandé au Conseil de la Fédération (équivalent du Sénat) d'autoriser "le recours sur le territoire de l'Ukraine aux forces armées russes jusqu'à la normalisation de la situation politique dans ce pays". Réuni en session extraordinaire, samedi, le Conseil de la Fédération a approuvé à l'unanimité cette demande.
Menace réelle ou gesticulation ? Lisez ici l'analyse d'Anne de Tinguy, spécialiste de la politique étrangère en Russie et en Ukraine.
Obama téléphone à Poutine
La communauté internationale prend la menace au sérieux et le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu une réunion en urgence, samedi soir. Mais c'est Barack Obama qui a haussé le ton, lors d'un entretien téléphonique de 90 minutes, samedi, pendant lequel Vladimir Poutine a réaffirmé le droit de la Russie de "protéger ses intérêts et les populations russophones" en cas de "violences" dans l'est de l'Ukraine et en Crimée. Le lendemain, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a insisté : "Au XXIe siècle, vous ne vous comportez tout simplement pas comme au XIXe siècle en envahissant un autre pays."
Lisez l'analyse de Vladimir Fedorovski, ancien conseiller diplomatique auprès de Gorbatchev, qui estime que Poutine "fait preuve d'un vrai savoir-faire".
L'Ukraine prépare sa défense
Pour le moment, seule la Crimée semble intéresser Moscou. Mais l'armée ukrainienne est "en état d'alerte". Kiev a appelé, samedi, à la mobilisation des réservistes, accusant la Russie de lui avoir "déclaré la guerre" et d'avoir entamé une "invasion armée". Ses troupes, dans un piètre état général, ont toutefois pris soin de rester en position défensive en Crimée, où elles sont inférieures en nombre face aux forces russes.
Le G8 de Sotchi en sursis
Paris et Londres ont d'ores et déjà annoncé, dimanche, la suspension des préparatifs du sommet du G8, prévu en juin à Sotchi (Russie). Et les Occidentaux multiplient les mises en garde contre Moscou, accusée par l'Otan de "menacer la paix en Europe". "Ce que fait la Russie en Ukraine viole les principes de la Charte des Nations unies" affirme le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, dimanche. "Le président russe pourrait ne pas avoir de G8 à Sotchi, il pourrait même ne pas rester au sein du G8 si cela continue", renchérit le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Une menace déjà brandie en 2008 lors du conflit russo-géorgien, mais qui n'a jamais été mise à exécution.
Manifestations en Europe contre l'intervention russe
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche devant les ambassades de Russie à Varsovie, à Berlin et à Londres pour protester contre l'intervention russe en Crimée. A Varsovie, les manifestants, agitant des drapeaux polonais, ukrainiens, européens et biélorusses, ont brandi des pancartes comparant Vladimir Poutine à Hitler ou Staline, en criant "Touchez pas à l'Ukraine", "Touchez pas à la Crimée", "l'Ukraine libre".
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