Ukraine : qui sont les leaders de la rébellion pro-russe ?
Autoproclamés "ministre", "gouverneur" ou "Premier ministre", les chefs des séparatistes ukrainiens ont connu une ascension fulgurante ces derniers mois. Francetv info revient sur le parcours de cinq leaders pro-russes.
Les séparatistes ukrainiens auraient abattu le Boeing de Malaysia Airlines "par erreur". C'est du moins l'hypothèse "la plus plausible" pour expliquer le crash du vol MH17, selon les services de renseignement américains, qui parlent d'une équipe "mal entraînée".
Une éventualité que les insurgés, en guerre ouverte avec l'armée ukrainienne depuis plusieurs mois, nient en bloc. Ce groupe de volontaires ukrainiens et de mercenaires formés dans l'armée soviétique, comme les décrit le ministre de la Défense de Donetsk, affirme ne pas disposer des missiles Bouk nécessaires pour atteindre une telle altitude.
Qui sont vraiment ces séparatistes pro-russes qui ont pris le contrôle de l'Est ukrainien ? Francetv info dresse le portrait des leaders de la rébellion.
Alexandre Borodaï, la main du Kremlin
Le chef de la République populaire autoproclamée de Donetsk n'est pas ukrainien. Alexandre Borodaï, actuel Premier ministre séparatiste, est un ultranationaliste russe originaire de Moscou, qui s'est installé dans le Donbass après le début des affrontements entre les rebelles et les forces loyalistes de Kiev.
L'homme de 41 ans serait un protégé du mécène orthodoxe Konstantin Malofeev, qui a ses entrées au Kremlin, selon Le Monde. L'Ukraine le soupçonne donc d'avoir des liens avec Moscou. "Je suis un simple citoyen russe (...) et on ne peut pas accuser le gouvernement russe de jouer un rôle dans ce qui se passe à Donetsk simplement parce que je suis là", s'est toutefois défendu le Premier ministre séparatiste à l'AFP.
L'ancien consultant auprès d'un fonds d'investissement moscovite dit s'être rendu en Ukraine dans un "élan patriotique", afin d'aider les russophones de la région à protéger leurs droits, rapporte le New York Times (en anglais).
Selon le quotidien américain, Alexandre Borodaï aurait écrit dans les années 1990 pour le journal d'extrême droite Zavtra, prônant l'unité des peuples slaves. Mais rares sont ceux qui connaissent vraiment le Premier ministre de Donetsk. "Je tiens à garder les informations personnelles sur ma vie les plus secrètes possible", aurait-il affirmé plus tôt dans l'année, selon le Washington Post (en anglais).
Igor Streklov, le chef de guerre
Igor Guirkine, plus connu sous le nom de Strelkov, est l'homme fort des séparatistes. Actuel ministre de la Défense de la République populaire de Donetsk, il s'est fait connaître en avril en prenant la ville de Sloviansk. Avant de la laisser aux mains de l'armée ukrainienne deux mois plus tard. Il aurait traversé la frontière pour la première fois en février 2014 pour rejoindre la ville de Simferopol, en Crimée, rapporte l'AFP.
Selon le New York Times, Igor Strelkov serait un ami de longue date d'Alexandre Borodaï, au côté de qui il aurait combattu dans les années 1990, en Moldavie. Les services secrets ukrainiens affirment que le colonel, impliqué dans l'enlèvement des observateurs de l'OSCE en juin, fait partie du renseignement militaire russe. Le Kremlin nie pourtant tout contact avec le mercenaire, qui a pour habitude "[d'exposer] ses prisonniers à la presse et [de faire] exécuter les civils accusés de pillage" selon TF1.
Igor Strelkov, qui est à la tête d'une petite armée constituée de volontaires ukrainiens et de mercenaires cosaques, tchétchènes ou ossètes, est surtout connu à cause de sa dernière sortie médiatique. Le 17 juillet, jour du crash du Boeing de Malaysia Airlines, il s'est réjoui sur Twitter d'avoir abattu un avion militaire ukrainien. Avant de supprimer son message, une fois la nouvelle du drame annoncée, rapporte Le Figaro.
Denis Pouchiline, le communicant
Denis Pouchiline, le président du conseil exécutif de la République populaire de Donetsk, est officiellement en charge de la communication des séparatistes. De nombreux experts estiment pourtant que ses associés russes, Alexandre Borodaï et Igor Strelkov, sont davantage les véritables chefs de file des rebelles, explique RFI.
Denis Pouchiline semble avoir été propulsé à la tête de Donetsk presque par hasard. Après avoir abandonné des études d'économie, cet Ukrainien de 33 ans a enchaîné les petits boulots – vigile, croupier dans un casino, etc. –, puis s'est retrouvé au chômage. Un parcours aussi étonnant que l'admiration qu'il porte à Marine Le Pen. "Je voudrais l'inviter car nous avons beaucoup de points communs, comme celui de régler les problèmes en construisant quelque chose de nouveau", aurait-il ainsi déclaré selon Le Parisien.
Valeri Bolotov, le survivant
Cet ancien parachutiste ukrainien s'est autoproclamé "gouverneur populaire" de la ville de Louhansk, autre centre important de la rébellion séparatiste. Valeri Bolotov a servi dans l'armée soviétique à la fin des années 1980 et a participé à des conflits en Arménie et en Azerbaïdjan, rapporte Metronews. Selon le quotidien gratuit, il aurait appelé en mai à "la mobilisation de tous les hommes de Louhansk" pour lutter contre "les occupants néonazis".
Le gouverneur a été visé par une tentative d'assassinat le même mois, au lendemain du référendum sur l'indépendance de Louhansk, raconte le site Mashable (en anglais). Des assaillants non identifiés ont tiré sur sa voiture avec des armes automatiques. Valeri Bolotov s'en est sorti avec une simple blessure par balle.
Viatcheslav Ponomarev, le leader déchu
Propriétaire d'une fabrique de savon ayant lui aussi servi dans l'armée soviétique, Viatcheslav Ponomarev, ancien maire autoproclamé de Sloviansk, se dit "novice en politique", selon France 24. Un manque d'expérience qui explique peut-être ses nombreuses déclarations chocs. L'homme à la casquette de baseball est en effet connu pour avoir qualifié les loyalistes ukrainiens de "nazis" et il avait promis à la presse "d'exterminer" tous ceux qui se dresseraient sur le chemin des séparatistes, rapporte l'AFP.
La carrière politique de Viatcheslav Ponomarev a toutefois été de courte durée : il a été relevé de ses fonctions d'édile, le 10 juin dernier. Son arrestation, a priori pour détournement de fonds municipaux, a été annoncée le lendemain selon The Guardian (en anglais). La ville de Sloviansk a depuis été reprise par l'armée ukrainienne, début juillet, dans le cadre d'une vaste offensive militaire.
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