: Vidéo Guerre en Ukraine : la coupure d'électricité à Tchernobyl ne provoque "pas de danger immédiat", selon l'IRSN
Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, estime jeudi que la déconnexion en Ukraine de la centrale du réseau électrique a surtout pour conséquence de perdre l'alimentation des capteurs qui permettent de surveiller les installations de cette centrale.
En Ukraine, la déconnexion de la centrale de Tchernobyl du réseau électrique ne provoque "pas de danger immédiat, mais un temps de réaction moins important s'il se passe quelque chose", a indiqué Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire, jeudi 10 mars sur franceinfo. Cette déconnexion est "complète, en raison des actions militaires de l'occupant russe en Ukraine", selon l'opérateur ukrainien Ukrenergo qui l'a annoncée mercredi.
La centrale de Tchernobyl a été le théâtre de la pire catastrophe nucléaire civile de l'histoire, en 1986. Elle comprend des réacteurs qui ont été déclassés, dont le numéro 4 recouvert d'un sarcophage, et des dépôts de déchets radioactifs.
franceinfo : Faut-il s'inquiéter de la situation à la centrale de Tchernobyl ?
Karine Herviou : Cette perte d'alimentation électrique de la centrale a essentiellement pour conséquence de perdre l'alimentation des capteurs qui permettent de surveiller les installations de cette centrale. Le personnel surveille en permanence les différentes installations. Il y a des réacteurs à l'arrêt, ceux-là on n'en parle pas, mais il y a le réacteur accidenté de 1986, le cœur fondu qui est toujours sous un sarcophage et sous une arche métallique. Il y a également une piscine qui comprend près de 20 000 assemblages combustibles qui ont été utilisés pour alimenter les réacteurs.
Cette piscine, actuellement, elle est refroidie, donc la perte d'alimentation coupe son refroidissement, et puis il y a également des entreposages à sec de combustible. C'est un ensemble d'installations qui sont surveillées en permanence par le personnel. Ils vont être un peu "en aveugle", c'est-à-dire qu'ils n'auront plus d'informations sur les niveaux, les températures, les pressions des différents circuits.
Ce n'est pas dangereux d'être "aveugle" dans une centrale nucléaire ?
Ce n'est pas une centrale nucléaire en fonctionnement. Ce sont des installations où il ne se passe pas grand-chose en temps normal. Par contre, ça va augmenter leur temps de réaction. Si jamais il y a un accident, un incendie, par exemple. Ils n'auront plus d'alarmes pour les prévenir, donc ils vont remplacer ça par des rondes. Avec cette perte d'alimentation électrique, les conditions de travail du personnel sur le site, déjà extrêmement difficiles, vont être très affectées, puisqu'ils n'auront plus de chauffage ni d'éclairage. Pas de danger immédiat donc, mais un temps de réaction moins important s'il se passe quelque chose.
L'Ukraine compte quatre centrales en fonctionnement, dont celle de Zaporijia qui est sous contrôle russe. Que se passera-t-il si, dans ces édifices-là, il y a une coupure de courant ?
Chaque réacteur est doté de quatre groupes électrogènes de secours. Ils ont des réserves en carburant sur le site qui leur permettent de tenir à peu près 7 à 10 jours. Dans ce délai, il faut ravitailler la centrale ou rétablir le courant, sinon, on va vers des situations d'accidents plus graves. Ce serait comme à [la centrale japonaise de] Fukushima, où la perte du refroidissement des combustibles a conduit à la fusion du cœur [lors de l'accident nucléaire de 2011]. Aujourd'hui, il n'y a ni perte de source électrique externe à Zaporijia, ni autre chose sur la centrale, donc on n'est pas dans cette situation.
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