: Vrai ou faux Guerre en Ukraine : un journal russe a-t-il dévoilé par erreur le nombre de soldats russes morts au combat ?
Un tabloïd a écrit que 9 861 soldats russes seraient morts depuis le début de l'offensive, en citant le ministère de la Défense. Mais cette donnée n'apparaît pas dans le briefing en question. Ce passage a depuis été retiré de l'article.
En temps de guerre, les belligérants rechignent à communiquer leurs pertes. Début mars, dix jours après le début de l'offensive en Ukraine, le ministère de la Défense russe avait tout au plus reconnu la mort de 498 soldats, avant de faire silence radio. Dimanche 20 mars, pourtant, au détour d'un article, le tabloïd russe Komsomolskaya Pravda semble enfin lever le voile : 9 861 soldats russes auraient déjà perdu la vie depuis le début de la guerre et 16 153 auraient été blessés. Ce passage a ensuite été retiré de l'article, sans aucune explication de la part du quotidien. Il est cependant toujours possible de consulter la version originelle sur ce lien*. Mais ce toilettage a alimenté diverses hypothèses.
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Peu remarqué au départ, ce passage effacé a connu un regain d'intérêt sur les réseaux sociaux. Mykhaïlo Podolyak, conseiller présidentiel ukrainien et négociateur en chef, a repris à son tour ces chiffres, lundi soir. "L'art russe du mensonge ne leur sert plus à rien", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux (en anglais). "Le ministère de la Défense russe a été officiellement contraint de reconnaître que ce ne sont pas 500 soldats qui sont morts en Ukraine, mais 9 861." L'état-major ukrainien, de son côté, affirme que 15 000 soldats russes sont morts depuis le début du conflit.
Le tabloïd dit avoir été "piraté"
Mais d'où sortent les chiffres du Komsomolskaya Pravda ? La version originelle de l'article faisait référence à un briefing du ministère russe de la Défense – la vidéo est disponible ici*. Mais comme le fait remarquer le site russe dissident Mediazona*, interdit en Russie, cette communication officielle n'évoque à aucun moment de tels chiffres. Le tabloïd est bien le seul média à les avoir cités. Reste l'hypothèse, certes peu probable, d'un autre document auquel aurait eu accès le Komsomolsya Pravda.
En attendant, le tabloïd a dénoncé un acte malveillant, dans un message publié sur son site*. "L'accès à l'interface administrateur a été piraté sur le site et un faux a été ajouté dans l'article." Moscou, quoi qu'il en soit, ne semble guère disposé à livrer de telles informations. Lors d'une conférence de presse, mardi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a été interrogé sur cette affaire. Il a botté en touche, renvoyant vers la rédaction de Komsomolsya Pravda. L'un des journalistes présents sur place a alors pris la parole, affirmant de nouveau que le site avait été victime d'un piratage.
Dmitri Peskov en est resté là, sans même prendre la peine d'un démenti. "Nous n'avons pas le pouvoir de nous exprimer pendant l'opération militaire, c'est une prérogative du ministère de la Défense." A ce stade, le mystère reste donc entier.
* Tous les liens suivis d'un astérisque mènent vers des contenus en russe.
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