Merkel affronte la colère grecque
Depuis
la visite de Bill Clinton en 1999, la Grèce n'avait jamais déployé un tel
dispositif de sécurité : un hélicoptère, trois ambulances, 6.000 policiers
et tireurs d'élite mobilisés, épaulés côté littoral par 300 garde-côtes, dont
des hommes grenouilles. Rien n'a été laissé au hasard, parce que rien ne doit
venir troubler la visite éclair de celle qu'hier encore, des quotidiens grecs
caricaturaient en Adolf Hitler.
Arrêt
de travail général et manifestations
Le
dispositif est à la mesure de la tension qui a saisi Athènes à l'annonce de la
venue de la chancelière : les grandes centrales syndicales et des dizaines
d'organisations de travailleurs ont appelé à un arrêt de travail général à midi
et à un rassemblement géant devant le Parlement, en plein cœur de la
capitale. Hier, déjà, les pancartes anti-Merkel fleurissaient dans les rues d'Athènes.
L'accueil sera donc au mieux fraichement mitigé, au pire franchement hostile.
Cinq ans
de récession et une humiliation de trois ans sont passés par là, années pendants
lesquelles les Grecs se sont vus qualifiés par la presse allemande de menteurs,
de tricheurs, de voleurs, de paresseux, alors que les plans d'austérité
successifs anéantissaient leur économie exsangue.
Apaiser,
à tout prix
A
Berlin, on souligne que l'appel dramatique d'Antonis Samaras, publié vendredi dans
le Handelslbatt, a probablement précipité la venue d'Angela Merkel. Dans les colonnes du quotidien
économique, le Premier ministre compare la situation grecque à la fin de la
République de Weimar, dont la chute amena Adolf Hitler au pouvoir. C'est-à-dire
assez pour que quelques jours après la présentation de l'avant-projet de budget
grec, lequel prévoit une sixième année de récession, Angela Merkel apaise les
relations entre les deux pays. Au moins pour éviter la sortie de la Grèce de la
zone euro, dont les conséquences n'épargneraient pas l'économie allemande.
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