Cet article date de plus de huit ans.

A Stalingrad, le quotidien "catastrophique" des migrants scandalise les riverains

Les tensions grandissent dans le 10e arrondissement, où quelque 500 migrants sont installés sous le métro. Les riverains dénoncent des conditions de vie "indignes" et réclament l'intervention de l'Etat. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des migrants discutent sur le campement installé sous le métro aérien de Stalingrad, le 23 mars 2016, à Paris.  (JOEL SAGET / AFP)

"La situation empire de jour en jour." Le constat du maire du 10e arrondissement de Paris, Rémi Féraud, est sans appel. Depuis plusieurs semaines, plusieurs centaines de migrants installés sous le métro aérien, au niveau de la station Stalingrad, sont livrés à eux-mêmes. Tout comme les riverains qui assistent, impuissants, à la situation et tentent d'alerter les pouvoirs publics.  

Arnault Chêne habite dans un immeuble situé juste en face du campement. Le 14 avril, cet agent SNCF a filmé une violente rixe entre migrants de différentes communautés. Pendant de longues minutes, on voit des hommes se jeter des palettes de bois, sans se préoccuper des voitures. 

Quelques jours plus tard, le Parisien a envoyé aux autorités de nouvelles images du camp : des "scènes ordinaires de vie indigne", postées sur Youtube et désormais supprimées, où l'on voit des migrants se battre pour de la nourriture. 

"La dignité humaine est complètement bafouée"

Les affrontements liés à la nourriture se multiplient et les habitants en subissent, presque chaque soir, les nuisances sonores. Les déchets jonchent le sol et le camp gonfle chaque jour un peu plus.  

Pour Arnault Chêne, la situation est devenue intenable. "Nous avons des cas de gale, de tuberculose. Niveau hygiène, c'est infect. Des pissotières ont été installées, mais elles sont bouchées, tout déborde…", se désole-t-il auprès de francetv info. 

"Ce qui nous dérange, c'est que la dignité humaine est complètement bafouée. C'est très dur de voir cette misère. Nous avons un sentiment de honte très fort vis-à-vis de ce camp", poursuit-il, indigné d'avoir dû "enjamber" des gens qui dormaient sur le trottoir en partant travailler. Pour cet habitant, la situation est au bord de l'implosion.

Les migrants sont à bout, les bénévoles sont à bout et les riverains aussi. Pourtant, il ne se passe pas grand-chose du côté de la ville et de l'Etat…

Arnault Chêne, voisin du camp de Stalingrad

à francetv info

Besoin d'une "prise de conscience" de l'Etat

Depuis la dernière évacuation du 30 mars, à la suite de quoi 958 migrants ont été répartis dans une soixantaine de centres d'accueil franciliens, les pouvoirs publics sont aux abonnés absents alors que d'autres migrants ne cessent d'arriver. "Je suis impressionné par le silence de l'Etat depuis la rixe du 14 avril", souffle Rémi Féraud, le maire du 10e arrondissement, contacté par francetv info.

L'élu, qui constate tous les jours la situation sur le terrain, va dans le sens de ses administrés : "Stalingrad montre bien que des migrants arrivent en France et qu'on ne peut pas les laisser, eux et les riverains, vivre dans ces conditions-là pendant des mois." Pour l'élu socialiste, il est temps de changer la façon d'aborder le problème. Les "mises à l'abri" temporaires des migrants ne suffisent pas : "C'est un éternel recommencement, car les arrivées se poursuivent", explique Rémi Féraud, réclamant des interventions plus régulières.  

"La Ville ne peut pas agir seule. Il faut un 'plan réfugiés' à la hauteur des besoins sur le terrain", renchérit le maire. Lui et les riverains continuent donc d'alerter l'opinion publique sur la situation "catastrophique" des migrants de Stalingrad. "Il faut une prise de conscience et une volonté politique, conclut-il. Pour le moment, l'Etat agit, mais trop peu et trop lentement."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.