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Aquarius : "Il faut un partage des responsabilités entre les différents pays" sur le secours en mer des réfugiés

Céline Schmitt, porte-parole du HCR en France, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés était l'invitée de franceinfo, mercredi 13 juin 2018.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 4min
L'Aquarius, le bateau de l'ONG SOS Méditerranée dans le port de Salerne en Italie, le 26 mai 2017. (CARLO HERMANN / AFP)

La France et l'Italie se déchirent autour du sort de l'Aquarius et des 629 migrants à bord en route vers l'Espagne. Emmanuel Macron a critiqué le "cynisme" de l'Italie qui a refusé de recevoir le bateau. Rome a convoqué l'ambassadeur de la France pour évoquer l'affaire.

"Il faut qu'il y ait une réaction parce qu'il est important que ce principe de sauvetage en mer reste, c'est essentiel (…) c'est une obligation internationale" a réagi mercredi 13 juin sur franceinfo, Céline Schmitt, porte-parole du HCR en France, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. "Il faut maintenant trouver au niveau de l'Europe un mécanisme prévisible pour se mettre d'accord sur le débarquement de ces personnes [secourues en mer] pour qu'il n'y ait pas de situation où elles se retrouvent bloquées en mer" a-t-elle ajouté. "Il faut un partage des responsabilités entre les différents pays" a conclu Céline Schmitt.

franceinfo : Que peut-il sortir de ce bras de fer entre l'Italie et la France ? Les pays européens sont-ils au pied du mur et sont-ils dans l'obligation de réagir ?

Céline Schmitt : Oui, il faut qu'il y ait une réaction parce qu'il est important que ce principe de sauvetage en mer reste, c'est essentiel. Il faut sauver des vies en mer Méditerranée et sauver des personnes qui se retrouvent sur des embarcations de fortune. C'est une obligation internationale qui est prévue dans le droit international maritime. Lorsque les personnes sont sauvées, elles doivent être emmenées vers un lieu sûr. Il faut maintenant trouver au niveau de l'Europe un mécanisme qui est prévisible pour se mettre d'accord sur le débarquement de ces personnes pour qu'il n'y ait pas de situation où elles se retrouvent bloquées en mer.

L'Italie et Malte ont refusé de recevoir l'Aquarius avec ces 629 migrants à bord. Que dit le droit maritime ?

Les règles ne sont pas complètement claires, explicites quant au pays qui doit accueillir mais elles sont claires sur le fait que ces personnes doivent être secourues et amenées vers un lieu sûr pour qu'elles puissent avoir accès à une assistance. C'est ce que dit le droit. Il faut trouver une solution en Europe pour que ces personnes puissent être amenées vers un lieu sûr. Ce n'est pas qu'un seul pays qui peut prendre cette responsabilité. Il faut un partage des responsabilités entre les différents pays et c'est ce à quoi nous avons appelé depuis 2015 par notamment ce mécanisme de relocalisation de réfugiés qui avait été mise en place depuis la Grèce et l'Italie. Il faut continuer à trouver des mécanismes prévisibles pour partager cette responsabilité.

Comment avez-vous réagi quand vous voyez que tous ces pays se renvoient la balle à propos de l'Aquarius ?

Ce qu'il fallait dans cette situation c'est qu'une solution humanitaire soit trouvée. Nous avons reconnu et félicité la décision de l'Espagne d'accueillir l'Aquarius et les personnes qui sont à bord, pour qu'elles puissent avoir une aide humanitaire. Ces personnes vont être accueillies sur place [en Espagne], elles ont besoin d'assistance médicale. Des procédures seront mises en place pour déterminer leur statut et faire en sorte que les personnes qui ont besoin de protection internationale aient accès à cette protection. Il ne faut pas oublier que ces personnes ont vécu des traumatismes. Il y a beaucoup d'enfants qui sont seuls à bord sans leurs parents, des femmes enceintes, des personnes qui ont été blessées. Il ne faut pas que des bateaux refusent de faire du sauvetage en mer parce qu'ils ont peur de ne pas pouvoir amener les personnes vers un lieu sûr.

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