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Avocats et ONG britanniques pointent la mauvaise volonté de Londres sur l'accueil des mineurs de Calais

Le gouvernement britannique a durci mi-novembre les critères d'accueil des mineurs isolés en provenance de l'ex-"jungle" de Calais. Plus d'un millier d'enfants et d'adolescents sont bloqués en France. Avocats et ONG tirent la sonnette d'alarme.

Article rédigé par Antoine Giniaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un mineur au moment du démantèlement de la "jungle" de Calais, le 27 octobre 2016 (ISABELLE SERRO / SIPA)

C’est un cri de colère. Le sentiment d’avoir été trahis. Au Royaume-Uni, avocats et ONG lancent fin novembre un appel d'urgence aux gouvernements anglais et français. Un mois après le démantèlement de la "jungle" de Calais, sur les 1 616 mineurs identifiés et censés avoir le droit de gagner la Grande-Bretagne, seuls 350 ont été accueillis de l'autre côté de la Manche. La plupart sont arrivés avant même l'évacuation.

Une soixantaine de mineurs isolés auraient déjà disparu

Les chiffres ne devraient plus beaucoup évoluer. Mi-novembre, le gouvernement britannique est revenu sur sa promesse d'examiner tous les dossiers des mineurs isolés de Calais. Les critères d'accueil ont été durcis. Londres ne s’intéresse plus qu’aux mineurs syriens et soudanais, ainsi qu'aux enfants de moins de 12 ans ou à ceux exposés à un risque d’exploitation sexuelle. Les autres, Érythréens, Afghans, Yéménites, ne sont pas pris en compte.

Résultat : depuis le démantèlement de la "jungle", George Gabriel voit baisser jour après jour le moral des enfants retenus en France. C'est lui qui suit leurs dossiers avec l’organisation Citizens UK. "Il y a vraiment urgence, dit-il. Rien ne justifie qu’un seul de ces enfants soit obligé de rester en France, alors qu’il a le droit, légalement, d’être en Grande-Bretagne."

Ces enfants sont en train de perdre espoir

George Gabriel

de l'organisation Citizens UK

Pour Kathryn Cronin, une avocate londonienne, le risque est élevé de voir ces jeunes migrants repartir sur les routes. L'ONG britannique Refugee Youth Service a ainsi déclaré mercredi 23 novembre avoir perdu la trace d'une soixantaine de mineurs isolés qu'elle suivait depuis le démantèlement de la "jungle" de Calais. "La plupart des enfants qui disparaissent, on va s’apercevoir plus tard qu’ils ont été exploités sexuellement ou dans des usines, regrette Kathryn Cronin. Il faut rapidement les identifier et trouver un accord avec les autorités francaises pour les transférer ici, en Grande-Bretagne."

Au-delà des associations et des avocats, certains élus s'inquiètent. Alf Dubs, membre travailliste de la Chambre des Lords, parle de catastrophe. Il est l'auteur de l’amendement qui permet théoriquement aux mineurs de rejoindre légalement le Royaume-Uni. Sa rencontre fin novembre avec la ministre de l’Intérieur britannique s'est soldée par un échec.

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