Campements de migrants parisiens : "Tout le monde sait que c’est un chaos", selon Ian Brossat
Deux hommes migrants sont morts en moins d’une semaine dans le nord de Paris, près de campements de fortune. L’adjoint au Logement à la mairie de Paris en appelle au gouvernement.
Mardi 8 mai un jeune homme migrant s'est noyé dans le Canal de l’Ourq, dans le nord de Paris comme le révélait France Bleu. Deux jours plus tôt, un autre homme avait été retrouvé mort dans le canal Saint-Denis, à Aubervilliers, tout près d’un camp de migrants. Depuis, le ton monte entre la mairie de Paris et le gouvernement. "Il n’est pas acceptable aujourd’hui d’avoir plus de 2 400 personnes qui dorment à même le sol dans des campements", s’est indigné sur franceinfo vendredi 11 mai Ian Brossat, adjoint au logement et à l’hébergement d’urgence à la mairie de Paris. "C’est une compétence de l’État" qui "doit faire régner l’ordre public".
franceinfo : Que demandez-vous au gouvernement qui assure que la mobilisation de l’État est sans faille ?
Ian Brossat : C’est une opération de mise à l’abri. Depuis trois ans, il y a eu une trentaine d’opérations de ce type. Il n’est pas acceptable aujourd’hui d’avoir plus de 2 400 personnes qui dorment à même le sol dans des campements dans le nord de Paris, qui sont à la fois indignes et inhumains et proprement intolérables. Pour des raisons d’ordre public et des raisons humanitaires, il faut mettre ces plus de 2 000 personnes à l’abri. C’est une compétence de l’État, qui doit faire son travail.
Ces deux noyades sont-elles dues aux conditions de vie dans les campements de migrants ?
Évidement. Tout le monde sait que c’est un chaos, un désordre total avec un certain nombre de réseaux de trafics qui se sont incrustés dans ces campements. L’État doit faire régner l’ordre public. Il est aberrant que le ministre de l’Intérieur puisse se débarrasser du sujet en renvoyant la balle à la ville. Lorsqu’on avait une situation similaire à Calais, personne ne disait que c’était la faute de la maire. Je ne suis pas sûr que le ministre de l’Intérieur (Gérard Collomb NDLR) accepterait une situation pareille dans sa ville de Lyon.
Gérard Collomb a dit que "la commune reste garante de la salubrité et de la propreté de son espace". Concernant le campement du Millénaire, porte de la Villette, que lui répondez-vous ?
Comment voulez-vous garantir la propreté et la salubrité d’un espace quand 2 000 personnes dorment dehors ? C’est impossible. Nous menons un certain nombre d’opérations de nettoyage mais la réalité c’est que tant que ces personnes vivront dehors on aura des difficultés. La ville de Paris a proposé six sites parisiens pour permettre à ces personnes d’avoir un toit sur la tête et un peu de dignité. Il revient à l’État de se saisir de cette main tendue. Je souhaite qu’il le fasse rapidement car pour des raisons d’ordre public, aujourd’hui, nous sommes en grand danger.
Faites-vous le lien entre la fermeture du centre de premier accueil porte de la Chapelle et la résurgence des campements à Paris ?
Ce qui est sûr, c’est que l’État a souhaité rompre avec la logique que nous avons mise en place notamment avec la création de ce centre de premier accueil. Le résultat de la politique du gouvernement c’est que c’est le chaos avec plus de 2 000 personnes sur le bitume à Paris. Je ne suis pas persuadé que la stratégie du gouvernement soit bonne. J’ai même plutôt tendance à penser le contraire. Que fait la mairie de Paris ? Nous avons mis en place de nombreux moyens notamment en matière de santé, d’hygiène, pour que les campements soient les moins indignes possible. Mais la vraie solution reste la mise à l’abri. La maire de Paris a d’ailleurs récemment écrit au préfet pour lui proposer de nombreux sites. Pourquoi l’État ne saisit pas cette possibilité ?
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