Crise migratoire à la frontière biélorusse : comment des Syriens tentent de rallier Minsk depuis Beyrouth
Dans la ligne de mire de l’UE, les représentations diplomatiques biélorusses qui délivrent des visas de tourisme, les réseaux de passeurs et même certaines compagnies aériennes.
Dans le hall de l'aéroport de Beyrouth, ils sont une bonne dizaine de migrants à partir pour Minsk, la capitale biélorusse. Des hommes seuls, avec peu de bagages. Les visages affichent un mélange d'excitation et d'inquiétude. Des proches sont là, prennent quelques photos. Celles du départ définitif, pas du départ en vacances.
"Je suis réfugié de Syrie, lâche un jeune homme. À Beyrouth, c'est trop difficile d'avoir un visa. Il faut passer par la Syrie, par quelqu'un. Ça coûte 4 800 dollars", ajoute-t-il avant de se diriger vers le premier contrôle et les comptoirs d'enregistrement. Restés dans le hall, ceux qui l'ont accompagné justifient son départ : "Il n'y a rien ici, rien du tout pour vivre. Tout le monde est dans la misère. Donc, si tu peux partir, tu pars, résume un homme qui se présente comme un de ses frères.
"Il y a eu des sanctions européennes, donc la Biélorussie donne des visas. C'est légal, ce sont des visas propres."
Le frère d'un Syrien en partanceà franceinfo
"Mais si c'est si facile, c'est qu'il y a quelque chose derrière", s'interroge-t-il toutefois avant d'être interrompu par un Libanais qui semble superviser ces voyages. "Tous ceux qui sont là vont en Biélorussie. Ils y vont pour du tourisme. Si tu veux savoir, tu peux aller sur Facebook et chercher comment ça marche. Personne ne peut le faire à ta place", lance le quadragénaire, méfiant.
"Tout est illégal"
La famille n'en dira pas plus. La compagnie biélorusse, qui opère ces vols, non plus : "Le billet, c'est 1 400 dollars. On est une compagnie aérienne, on ne donne pas de visas, on ne donne pas de contacts, il faut voir avec l'ambassade", s'agace un opérateur au téléphone. Il parle de l'ambassade biélorusse en Syrie, car il n'y en a pas au Liban. Juste un consul honoraire qui renvoie lui aussi vers Damas.
"Les intermédiaires sont au Liban, mais ce n'est pas officiel", confie finalement l'employé d'une petite agence de voyages à Beyrouth, avant d'expliquer qu'une invitation est "envoyée" de Biélorussie. "Le visa est émis par l'ambassade en Syrie, poursuit-il. Les intermédiaires s'occupent de tout. Mais il faut les trouver, les appeler. Ils n'ont pas de bureau. Tout est illégal".
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