Démantèlement de camps de migrants : trois préfets d'Ile-de-France visés par une plainte pour "complicité de violences volontaires"
Les plaignants accusent ces hauts fonctionnaires d'avoir sciemment mis en place des opérations de forces de l'ordre violentes pour faire fuir ces personnes à la rue, au lieu d'organiser des mises à l'abri.
Trois préfets en poste en novembre 2020, au moment de deux démantèlements très controversés de campements de migrants en région parisienne, sont visés par une plainte pour "complicité de violences volontaires". Dans cette plainte, déposée jeudi 6 mai au tribunal judiciaire de Paris et dont l'AFP a pris connaissance, 34 plaignants et deux associations de défense des exilés accusent le préfet de police de Paris Didier Lallement, le préfet de la Seine-Saint-Denis Georges-François Leclerc et celui de la région d'Ile-de-France Marc Guillaume de "complicité de destruction, dégradation et détérioration" des tentes et affaires appartenant aux migrants.
En substance, ils accusent ces responsables d'avoir sciemment mis en place des opérations de forces de l'ordre violentes pour faire fuir ces personnes à la rue, au lieu d'organiser des mises à l'abri. Une première évacuation de campement avait eu lieu à Saint-Denis, le 17 novembre. Ultramédiatisé, le démantèlement du camp installé au cœur de Paris, le 23 novembre, ainsi que les violences qui étaient survenues en marge de cette évacuation (usage de gaz lacrymogène, de grenades de désencerclement...), avaient suscité une vague d'indignation jusqu'au sein du gouvernement.
"Une politique décidée au niveau hiérarchique"
Le soir même, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait évoqué des "images choquantes" et demandé un "rapport circonstancié" au préfet de police de Paris. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait dans la foulée ouvert une enquête sur ces faits, de même que le parquet de Paris. L'enquête de l'IGPN avait notamment mis en exergue un "manquement par un usage disproportionné de la force" commis par un commissaire divisionnaire.
"Les policiers sont le bras armé des décisions qui sont prises en amont par les préfets", a commenté Noémie Saidi-Cottier, l'une des avocates des plaignants, lors d'une conférence de presse vendredi. "Ce ne sont pas des violences isolées de la part des policiers qui auraient, à un instant T, dérapé sous le coup de la pression ou du surmenage, comme on l'entend", a renchéri Raphaël Kempf, l'autre conseil du dossier. Il a dit espérer que "l'enquête permettra d'étayer et confirmer" que les violences "ont été rendues possibles par une politique décidée au niveau hiérarchique, a minima au niveau de la préfecture de police".
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