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Expulsions de migrants : "Des visées électoralistes pour satisfaire une certaine frange de l'électorat"

Rafael Flichman, porte-parole de la Cimade, était l'invité de franceinfo lundi pour dénoncer le durcissement du traitement reservé aux migrants en France. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un bénévole parcourt une piste de ski de fond de nuit pour retrouver des migrants à Briançon (Hautes-Alpes), le 17 décembre 2017. (MAXPPP)

Plus de 300 personnes ont participé dimanche 17 décembre à une "cordée solidaire" partie de Névache pour s'engager vers le col de l'Échelle (Hautes-Alpes). Ces derniers mois, cet endroit est devenu un lieu de passage très périlleux pour les migrants, à cause du froid et de la neige. Lundi 18 décembre, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a annoncé la hausse des expulsions de migrants et des contrôles renforcés, malgré des critiques de plus en plus vives.

Invité de franceinfo lundi, Rafael Flichman, porte-parole de la Cimade, a estimé que les annonces du ministre ont des "visées électoralistes" pour "satisfaire une certaine frange." Selon lui, au prétexte de cette lutte antiterroriste, on refoule des demandeurs d'asile illégalement.

franceinfo : les migrants qui empruntent ces passages n'ont-ils pas d'autres choix que de se mettent en danger ?

On l'a vu hier sur Briançon, les personnes prennent des risques énormes. Ils montent côté italien par des couloirs d'avalanche. Ils n'identifient même pas les sentiers, les lacets de la route qui est ensevelie sous les chutes de neige. Ils essaient d'éviter les patrouilles de gendarmerie et de la police aux frontières qui rendent le passage encore plus dangereux. 

On demande que les forces de l'ordre soient là pour les aider et pas pour leur faire peur.

Rafael Flichman, porte-parole de la Cimade

à franceinfo

Le gouvernement, par la voix du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, a affirmé avoir l'intention d'aller vers davantage d'expulsions. Qu'en pensez-vous ?

L'intention, ils l'ont déjà. Ils sont déjà en train de faire cela depuis un certain temps. On a comparé avec les chiffres des expulsions à la même période l'an passé : depuis le 2 octobre, ils ont enfermé deux fois plus de personnes dans les centres de rétention. Ils avaient expulsé 46 % des personnes enfermées. Cette année, ils en ont expulsé 27 %. Leur politique de violation massive des droits des migrants est une politique punitive pour tenter de les dissuader. Ils ont traversé la Libye, la Méditerranée, le col de l'Échelle. Ce n'est pas 45 jours de plus enfermés dans un centre de rétention qui va les dissuader. Par le passé c'était 12 jours. 80 à 90 % des expulsions réussies se font dans les 15 premiers jours. À quoi bon les garder 90 jours, si ce n'est pour des visées électoralistes et satisfaire une certaine frange de l'électorat.

L'opinion publique est-elle plus favorable à cette politique plus dure après les attentats ?

La loi antiterroriste renforce les contrôles aux frontières. Ce qui se passe à Briançon au col de l'Échelle ou dans la Roya est très fortement lié à cette loi antiterroriste. Au prétexte de cette lutte antiterroriste, on refoule des migrants, des mineurs, des demandeurs d'asile illégalement et on rétablit les contrôles aux frontières intérieures de l'espace Schengen.

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