"J'ai peur qu'ils ne meurent de froid" : à Paris, les bénévoles redoublent de vigilance envers les migrants qui dorment dehors
Les bénévoles de Solidarité Migrants Wilson, qui viennent en aide aux migrants et aux réfugiés Porte de la Chapelle, à Paris, s'inquiètent des températures annoncées ces prochains jours.
Dans la nuit de lundi 26 février à mardi 27 février, le thermomètre devrait afficher - 5 °C à Paris. La température ressentie, elle, devrait être encore plus glaciale, surtout avec le vent attendu.
Pour ceux qui n'ont pas trouvé de place d'hébergement et qui sont obligés de dormir dehors, les sans-abri, mais aussi les migrants et les réfugiés, c'est un calvaire. Sur le terrain, lundi, les associations arrivaient à peine à fournir des couvertures et des boissons chaudes. Reportage Porte de la Chapelle, à Paris.
"On les prévient parce qu'ils ne sont pas au courant qu'il va vraiment faire excessivement froid demain et après-demain : ils ne regardent pas la télé, ils ne savent pas." Anne-Marie est débordée. Cette bénévole du collectif Solidarité Migrants Wilson fait le tour des migrants pour les aider à trouver un abri. "J'ai peur qu'ils ne meurent de froid", confie-t-elle.
Là, par exemple, il y a un garçon qui ne s'abrite pas. Parfois, il enlève même une chaussure. Il est déprimé. Je ne sais pas ce qui lui arrive, mais j'ai peur qu'il ne meure de froid.
Anne-Marie, bénévoleà franceinfo
Anne-Marie sait qu'avec le plan grand froid, des places d'hébergement d'urgence ont été débloquées. Mais, pour y accéder, il faut téléphoner au 115 : "Ces gens n'ont pas de téléphone, rappelle-t-elle. Ceux qui ont un téléphone n'ont pas de chargeur. Ceux qui ont un chargeur ne peuvent pas charger le téléphone parce que tous les chargeurs aux alentours sont cassés, donc, il faut qu'ils aillent dans les bibliothèques. Et, lundi, il n'y a pas de bibliothèque ouverte."
Le 115, "c'est insuffisant"
D'ailleurs, même un téléphone chargé n'est pas une assurance de trouver une place pour la nuit : "Il faut qu'ils parlent français pour accéder au 115 pour comprendre le message, poursuit la bénévole. Après, il y a des traducteurs. Il faut arriver à les joindre. Moi, je le fais tous les jours : c'est souvent deux heures d'attente quand ça ne coupe pas." Même si Anne-Marie ne critique pas le Samu social, "c'est insuffisant", selon elle.
À quelques mètres de là, des dizaines de tentes sont alignées sous un pont du périphérique. Devant celle d'Amran, il y a un petit feu. Cet Afghan de 21 ans est arrivé cet été. Rien ne l'a préparé à ces températures. Il dort sous une couverture qu'on lui a donnée, brûle des morceaux de meubles trouvés dans la rue et rationne son alimentation. Ce soir, avec son camarade de fortune, il termine une barquette de riz entamée la veille.
Dormir à même le sol, dans un sac de couchage
Certains n'ont même pas de tente. Le voisin d'Amran, Oumar, un Guinéen, dort dehors, à même le sol. Chaque matin, il va chercher un café chaud auprès des bénévoles de Solidarités Migrants Wilson. Le collectif a été fondé fin 2016 par des riverains du camp de réfugiés de l'avenue Wilson, à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. Depuis, il intervient aussi autour du centre humanitaire de la Porte de la Chapelle à Paris.
Au milieu de la foule attroupée, Slimane distribue de la crème hydratante - remède de fortune contre les gelures - mais il est surtout là pour écouter. "Lui est dans un camp et lui est dans la rue, montre ce bénévole. Il dort dans un sac de couchage avec une couverture. Le soir, certaines association donnent des couvertures et des tentes, mais pour le moment il n'y a que des couvertures." Les bénévoles le répètent : la solution d'urgence, à la portée de tous, est le don de vêtements chauds et de couvertures pour ces personnes qui dorment dans la rue.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.