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Jugée pour avoir aidé des migrants mineurs, Martine Landry se dit "tout à fait sereine" avant son procès

Militante d'Amnesty International, Martine Landry encourt jusqu'à cinq années d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende. Elle est jugée pour avoir aidé deux adolescents guinéens renvoyés en Italie par la police française.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Martine Landry, militante d'Amnesty international, le 16 décembre 2017 à Menton (Alpes-Maritimes), à la frontière franco-italienne. (VALERY HACHE / AFP)

Martine Landry, militante d'Amnesty international, est jugée mercredi 30 mai devant le tribunal correctionnel de Nice à partir de 13h30, pour avoir "facilité" l'entrée sur le territoire français à deux mineurs isolés d'origine guinéenne en juillet 2017. Elle dit les avoir seulement "accueillis" à la frontière française à Menton. Martine Landry encourt jusqu'à cinq années d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende, mais elle se dit "tout à fait sereine" quelques heures avant son procès.

franceinfo : Dans quel état d'esprit êtes-vous à quelques heures de votre procès ?

Martine Landry : Je suis tout à fait sereine, parce que ce qu'on me reproche n'existe pas. On me reproche d'avoir "facilité l'entrée". J'ai fait des observations à la frontière le 25 et le 26 juillet 2017. J'ai observé des policiers italiens qui ramenaient quatre jeunes personnes à la police aux frontières de Menton, donc j'ai demandé s'il y avait des mineurs, où ils avaient été arrêtés. Et là, il y en a deux qui se sont détachés, qui m'ont dit qu'ils avaient été arrêtés chez Cédric Herrou, dans la Roya, donc en France, qu'ils avaient déjà fait une demande pour l'aide sociale à l'enfance et qu'un juge des enfants avait déjà ordonné leur placement. Donc ces enfants n'avaient absolument pas à retourner en Italie. En revanche, je n'ai pas pu empêcher qu'ils y retournent. Donc j'ai averti tout simplement les avocats, les autorités et les associations italiennes pour voir comment on pouvait aider ces jeunes à faire respecter leurs droits. Ils sont revenus 48 heures après. On m'a demandé d'aller les accueillir à la frontière pour les accompagner à la police aux frontières française, ce que j'ai fait. Et j'ai demandé aux policiers français d'appeler l'aide sociale à l'enfance afin qu'ils soient placés dans un foyer. Ce qui a été fait parce qu'on ne pouvait pas me le refuser, parce que ça, c'est la loi. Et là, j'ai fait respecter la loi.

Le point qui peut vous porter préjudice dans la version actuelle du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile est la notion de "contrepartie, directe ou indirecte". C'est à ce titre que Cédric Herrou a été condamné l'an dernier. Avez-vous tiré contrepartie de votre geste ?

Non. D'abord, ce n'est pas un geste dit à titre humanitaire, c'est un geste juridique. J'ai fait reconnaître le droit de ces enfants à être protégés par les Français. Ce qui est différent avec Cédric Herrou, c'est qu'il a réellement pris en charge des migrants et fait passer la frontière. Après, si la contrepartie, c'est que j'ai été vraiment très heureuse qu'ils soient enfin entrés dans leurs droits... Oui, je suis très heureuse de ça.

Le jeune Malien Mamoudou Gassama a pu lancer une procédure de naturalisation après avoir sauvé un enfant. Mercredi, plus de 1 000 migrants ont été évacués du camp du Millénaire à Paris. Quel regard portez-vous sur cette actualité ?

Rapprocher les deux faits, c'est très important. Je suis très contente de ce qui arrive à Mamoudou Gassama, il le mérite. Mais cela met en lumière tous ceux qui sont rejetés, qui n'ont pas accès à leurs droits, qui se trouvent dans les rues de Paris, qui se trouvent coincés à Vintimille, qui se trouvent coincés à Calais, qui ne peuvent pas revenir en arrière, qui ne peuvent pas non plus progresser, et qui n'ont pas accès à leurs droits. Tout ce non-droit est mis en lumière par cette exception que l'on faite pour Mamoudou Gassama.

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