"Le statu quo ne peut plus continuer" : le HCR et l'OIM réclament à nouveau la fin de la détention des réfugiés et migrants en Libye
Ces organisations onusiennes confirment que la Libye n'est pas "un port sûr".
Ce n'est pas une première mais "il y a une urgence renouvelée après les morts de Tajoura. Le statu quo ne peut plus continuer", explique Charlie Yaxley, porte-parole de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en charge de la Méditerranée et de l'Afrique, à franceinfo Afrique. Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), et Antonio Vitorino, le directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ont appelé de nouveau à "faire cesser la mise en détention des personnes débarquées en Libye après qu’elles ont été secourues en mer", dans une déclaration commune publiée le 11 juillet 2019. L'injonction intervient après la frappe aérienne sur le centre de détention de Tajoura, à Tripoli (est de la Libye), qui a causé la mort "de plus de 50 réfugiés et migrants".
Les deux organisations internationales ont invité "l'Union européenne et l’Union africaine à éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise. (...) Tout doit être mis en œuvre pour éviter" le débarquement de ces personnes secourues en Libye, "un pays qui ne peut être considéré comme un port sûr". D'autant que des alternatives existent, comme la mise en place de "centres semi-ouverts" sur le modèle du "centre pour le rassemblement et le départ", géré par le HCR et aujourd'hui "surpeuplé".
"Tous les détenus devraient être libérés et les centres fermés"
"Les Etats devraient nous aider sans délai à évacuer les réfugiés hors de Libye (en toute sécurité et vers des lieux sûrs), tous les détenus devraient être libérés et les centres fermés", affirme Charlie Yaxley. C'est la "priorité" en ce qui concerne "les 5600 réfugiés et migrants actuellement détenus dans des centres en Libye".
L'Etat libyen n'est depuis longtemps plus un partenaire fiable quand il s'agit de la sécurité des migrants et des réfugiés, mais les Européens continuent de fermer les yeux. Les autorités libyennes "sont soutenues et payées par l'Union européenne pour soi-disant contrôler cette migration. Mais si ça s'arrête, alors elles ne seront plus payées", a confié Pierre Mendiharat à franceinfo, le directeur adjoint des opérations de l'ONG Médecins sans Frontières.
"L'assistance et les responsabilités confiées aux entités libyennes compétentes devraient être subordonnées à la condition que personne ne soit détenu arbitrairement après avoir été secouru en mer et que les garanties relatives aux droits de l’Homme soient respectées, préconisent le HCR et l'OIM. En l’absence de ces garanties, il faudrait cesser le soutien."
Continuer à "sauver des vies en mer"
De même, "il ne faut pas ordonner aux navires de commerce de ramener en Libye les passagers secourus". Les pays européens ont d'ailleurs été invités à reprendre leurs opérations de sauvetage et à ne pas "pénaliser" les ONG qui ont "sauvé des vies en mer".
L'Allemande Carola Rackete, capitaine du navire humanitaire Sea-Watch, a été récemmment arrêtée – puis relâchée – en Italie pour avoir débarqué 42 migrants sur l'île de Lampedusa, forçant ainsi le blocus mis en place par les autorités italiennes.
En Libye, le HCR et l'OIM plaident plus largement pour que "les quelque 50 000 réfugiés et demandeurs d’asile enregistrés qui vivent actuellement ailleurs" sur le territoire et "les 800 000 migrants environ" soient mieux protégés dans un pays, "où persistent les souffrances et le risque de violations des droits de l’Homme".
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