Migrants : "des drames humanitaires énormes" se profilent "si les Etats membres ne font pas preuve de plus de solidarité", alerte le député européen Damien Carême
La Croix-Rouge est dépassée. Environ 7 000 migrants, dont de nombreuses familles, sont arrivés au centre d'accueil de l'île de Lampedusa en Italie en 24 heures, mercredi 13 septembre. L'établissement ne peut normalement en accueillir que 400.
"On va devant des drames humanitaires énormes si les États membres ne font pas preuve de plus de solidarité envers les pays de première entrée", a estimé ce jeudi sur franceinfo Damien Carême, député européen Groupe des Verts/Alliance libre européenne, et co-président de l'Association nationale des villes et territoires accueillants.
franceinfo : que pensez-vous de l'Allemagne qui ne veut plus accueillir de migrants en provenance d'Italie ?
Damien Carême, député européen et co-président de l'Association nationale des villes et territoires accueillants :
Cela montre l'échec du règlement de Dublin qui est en cours [il prévoit que le pays d'arrivée d'un migrant dans l'UE traite sa demande d'asile]. Malheureusement, dans le pacte immigration que nous sommes en train de négocier pour changer ce règlement, la solution n'est pas trouvée. On rend toujours les premiers pays d'entrée responsables de la demande d'asile des personnes qui arrivent sur le territoire européen. 124 000 arrivées depuis janvier en Italie contre 65 000 l'année dernière, comment voulez-vous que l'Italie qui doit faire face à ces arrivées puisse en plus reprendre les personnes arrivées en Italie, qui en sont parties. Il y a un mécanisme de solidarité obligatoire qui doit s'instaurer au niveau européen pour soulager les pays d'entrée que sont l'Italie, la Grèce, l'Espagne. Actuellement, c'est un échec des dispositifs européens.
Qu'en est-il de l'accord entre la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président tunisien dans le but de freiner l'arrivée des migrants ?
C'est un échec. Les personnes qui arrivent aujourd'hui en Italie dans la très grande majorité viennent de Tunisie. Ce sont des migrants qui étaient en Tunisie depuis des années et qui maintenant sont expulsés de ce pays.
Que faut-il dire à l'Italie qui demande davantage d'aide à l'Union européenne ?
C'est pour ça qu'il faut mettre en place un mécanisme de relocalisation. Tant qu'on n'aura pas ce dispositif mis en place au niveau européen, on aura des pays et des hot spots surchargés avec des conditions d'accueil indignes et en dehors de tous les textes européens. Il y a un vrai problème de solidarité européenne qu'il faut régler et il faut que les États s'engagent beaucoup plus. On fait des migrants les boucs émissaires de toutes les crises qu'on rencontre chez nous. On focalise sur la migration, mais est-ce que ce sont les migrations qui sont responsables en France de la faillite du système de santé, de l'Éducation nationale, du changement climatique, de l'inflation ? Non, mais on les rend responsables en disant qu'on n'accueille pas tout le monde. Je rappelle que 87% des migrations se font dans les pays limitrophes de ceux quittés. On accueille une petite part de ces migrations économiques, liés à des pouvoirs totalitaires. On va devant des drames humanitaires énormes si les États membres ne font pas preuve de plus de solidarité envers les pays de première entrée.
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