Naufrages de migrants dans la Manche : "Il faut trouver des voies de passages légales et sécurisées", plaide la Cimade
Une semaine après la mort de 27 personnes alors qu'elles tentaient de traverser la Manche, des associations dont la Cimade pointent dans une tribune sur franceinfo la responsabilité des pouvoirs publics et les exhortent à changer de politique.
"C'est facile d'accuser des passeurs parce qu'il y a une réglementation qui est inapplicable", a déclaré mercredi 1er décembre sur franceinfo Henry Masson, président du Comité inter-mouvements auprès des évacués (Cimade), qui dénonce dans une tribune, avec d'autres associations, "l’aveuglement coupable des autorités françaises et britanniques" après le naufrage mortel dans la Manche le 24 novembre. Vingt-sept personnes ont perdu la vie. "Il faut trouver des voies de passages légales et sécurisées pour éviter ces naufrages", plaide Henry Masson.
franceinfo : Qu'attendez-vous du gouvernement ?
Henry Masson : Plus d'humanité, respecter la dignité des personnes étrangères qui se trouvent sur nos côtes et qui veulent aller en Angleterre parce qu'elles sont anglophones, qu'elles y ont de la famille. Quels que soient les moyens qu'on mettra en place pour les empêcher d'aller en Angleterre elles voudront quand même y aller et donc malheureusement les 27 morts ne feront que s'ajouter aux autres et il y aura d'autres naufrages dans les zones de la Manche.
Les gouvernements français et britannique doivent réfléchir à une autre politique et il ne sert à rien de vouloir évacuer des camps en brisant les tentes et les objets personnels. Les personnes qui veulent partir partiront. Il faut trouver des voies de passages légales et sécurisées pour éviter ces naufrages.
Vous dénoncez "l'aveuglement" des autorités plutôt que les passeurs. Pourquoi ?
Qui organise ces voyages ? Ce sont les passeurs, donc luttons contre les passeurs et tout sera réglé. Mais pourquoi y a-t-il des passeurs ? Les passeurs sont là parce qu'il n'y a pas de voies légales et sécurisées. C'est un peu léger de dire que nous allons lutter contre les passeurs et que c'est de leur faute. C'est de la faute de réglementations qui s'opposent à une volonté plus forte que tout, comme celle de rejoindre sa famille. C'est donc facile d'accuser des passeurs parce qu'il y a une réglementation qui est inapplicable.
L'argent utilisé pour surveiller la Manche ne va servir à rien ?
On peut imaginer tous les modes de protection, cela n'est jamais suffisant. Cela signifie qu'on met une couche supplémentaire, puis une autre et qu'on dépense beaucoup de millions. Pendant ce temps, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui cherchent refuge quelque part et qui se retrouvent au milieu des bois, sur une côte, dans des tentes que l'on détruit.
Tout cet argent pour la sécurité serait bien mieux employé pour accueillir ces personnes avec dignité et pour examiner calmement leurs demandes et savoir si elles veulent rester en France ou passer en Grande-Bretagne. Tant qu'on ne règlera pas cette question-là nous aurons des camps ici et là.
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