"On sait que tu étais là" : les militants pro-migrants "harcelés" par la police dans les Alpes
Selon l'ONG Human Rights Watch, les militants sont soumis à une multiplication de contrôles policiers, en particulier lors de maraudes.
Contrôles à répétition, amendes, garde à vue... Les policiers français usent de "harcèlement" et d'"intimidation" pour "entraver les activités humanitaires" des militants pro-migrants à la frontière franco-italienne, dénonce l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié jeudi 5 septembre.
La publication, qui intervient une semaine après la condamnation de trois dirigeants de l'organisation d'extrême droite Génération identitaire pour la spectaculaire opération anti-migrants menée dans cette même région au printemps 2018, documente également les refoulements de "mineurs non accompagnés" vers l'Italie.
Lors de leurs maraudes, ces opérations de recherche, de sauvetage ou de distributions alimentaires, les bénévoles et militants associatifs qui viennent en aide à ces migrants, majoritairement africains, sont régulièrement ciblés par les forces de l'ordre, qui multiplient les contrôles d'identité "abusifs", souligne le document.
"Le délit de solidarité continue d'être utilisé"
"Systématiquement, lorsqu'on part en maraude à Montgenèvre (commune limitrophe de l'Italie, ndlr), il y a des contrôles (...), souvent plusieurs fois dans la soirée", raconte un bénévole cité dans le rapport, qui porte sur une enquête réalisée entre janvier et juillet 2019. Les policiers, dénoncent les militants interrogés par l'ONG, procèdent à des contrôles ciblés. "J'ai baissé la vitre", se souvient l'un d'eux, "et le policier m'a dit: 'Ah, t'es de retour, elle est où ta voiture ?'", citant la marque et le modèle précis. "Quand je lui ai dit que je ne voyais pas de quoi il parlait, il m'a répondu : 'Arrête de te foutre de notre gueule, on sait que tu étais là tout l'été'".
"Le délit de solidarité continue d'être utilisé" contre ces militants, déplore encore Bénédicte Jeannerod, directrice France chez HRW. Légalement, l'aide à l'entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers en France est passible d'une peine maximale de 5 ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende. En juillet 2018, le Conseil constitutionnel a jugé que "tout acte d'aide apportée dans un but humanitaire" ne pouvait pas faire l'objet de sanctions, sauf s'il est effectué dans le cadre d'une aide à l'entrée sur le territoire.
Malgré cette décision, des poursuites continuent d'être engagées contre des personnes soutenant des migrants, déplore encore Human Rights Watch.
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