: Reportage Naufrage d'un bateau de migrants en Italie : "Le bébé est mort et les quatre autres, on ne les a pas retrouvés", raconte un proche de victime
Au sein du gymnase du palais omnisports de Crotone, en Calabre en Italie, les familles des victimes se recueillent dans un silence de plomb, parfois brisé par les cris de douleur. Comme celui, déchirant, d'une femme qui s'accroche à la dépouille de son jeune frère, dans l'un des 64 cercueils recouverts de fleurs et de bougies.
>> Italie : au moins 59 migrants sont morts dans un naufrage au large de la Calabre
Ici reposent temporairement les corps des victimes du naufrage d'une embarcation de migrants au large de Crotone, le 26 février. Un drame qui a fait, selon le dernier bilan, 67 morts dont une dizaine d'enfants, au moins trente personnes sont toujours portées disparues et environ 80 personnes ont survécu.
Mohammad, un Afghan de 18 ans, a fait la route depuis l'Allemagne. Son cousin était à bord de ce bateau avec toute sa famille. "Ils étaient cinq. Le père, la mère et trois enfants, un de six ans, un autre de quatre ans et le plus jeune. Le bébé est mort et les quatre autres, on ne les a pas retrouvés", lâche-t-il.
Saïf, lui, est venu soutenir un ami qui a perdu son épouse. Cette jeune Afghane de 23 ans voulait fuir les Talibans dans son pays. La traversée en mer était sa dernière option : "Mon ami voulait d'abord faire venir sa femme de manière légale par avion. Mais, malheureusement, les autorités allemandes ont rejeté ces demandes de visas. Alors, elle a décidé de prendre le bateau...", regrette-t-il.
"Ça veut dire qu'ils vont en laisser d'autres ?"
Le président italien Sergio Mattarella est attendu dans la ville encore meurtrie, jeudi 2 mars, pour une visite officielle alors que la polémique enfle. L’opposition au gouvernement de Giorgia Meloni demande des explications sur les circonstances de ce drame. Car on sait désormais que les autorités locales étaient au courant de la présence de cette embarcation dans les eaux italiennes, plusieurs heures avant qu’elle ne sombre, mais aucun moyen de secours n’a été envoyé pour l’escorter jusqu’à la côte. Alors Saïf s'interroge : "Peut-être que lorsqu'un autre bateau arrivera, ils vont le voir et juste l'ignorer. S'ils l'ont vu et qu'ils ont ignoré, cela veut dire qu'ils vont en laisser d'autres ?"
Pour ne plus "ignorer" ces morts, Mohammad insiste : il veut que l'on se souvienne du nom de son petit-neveu. Il avait un an et demi et s'appelait Assed Taimouri.
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