: Témoignage Crise migratoire à Lampedusa : "Désormais, on voit les migrants plus comme un problème que comme des êtres humains", regrette un habitant
Au milieu des vieilles cartes navales, photos sépia et autres amphores carthaginoises, Fabio Giovanetti, fondateur d'un centre culturel et d'archives de Lampedusa, montre un objet noir et blanc, d'apparence ancienne. "C’est une boussole nautique trouvée sur une barque de migrants, il y a de nombreuses années, explique-t-il. Ici, on est, au sens propre, au milieu de la mer". Les premières côtes, celles de Tunisie, sont, en effet, éloignées de 108 kilomètres de cette île italienne au milieu de la Méditerranée.
Fabio Giovanetti explique que cette position a toujours fait de l'île une terre d'accueil et qu'il y a quelques décennies encore, les habitants recueillaient eux-mêmes les migrants sur la plage et les prenaient en charge, un temps au moins. Cette époque est révolue, selon lui, même s'il y a eu beaucoup de gestes de solidarité la semaine dernière.
Lampedusa, "un endroit qui te questionne"
Durant le week-end, une partie des habitants a en effet manifesté son ras-le-bol face à des arrivées incessantes et notamment plus de 12 000 migrants en seulement une semaine. "Désormais, les habitants les voient plus comme un problème que comme des êtres humains, constate Fabio Giovanetti. C’est parce qu’ils sont trop nombreux : un territoire de 20 km2 ne peut pas accueillir autant de gens".
De plus, à peine arrivés, les migrants sont dirigés vers le centre de la Croix-Rouge, ce qui ne favorise pas les contacts qui permettaient de créer des liens entre habitants et exilés. Fabio dit tout cela avec regret. Et ajoute : "Lampedusa n’est pas un endroit normal. C’est un endroit qui te questionne, t’oblige à prendre position et te fait te sentir utile". Quelques minutes plus tôt, une trentaine de personnes, syriennes pour la plupart, avaient débarqué sur le port.
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